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Critique de Sejy


Sejy
20 septembre 2012
Critique des 5 premiers tomes.

Une mouflette pour héroïne, des couleurs façon « bocal de friandises », un petit coeur ponctuant l'exclamation du titre et un prix jeunesse décroché à Angoulême 2005 : Euh, faudrait voir à pas trop m'la faire. Cette bande dessinée, c'est carrément pour les kids à l'esprit fleur bleue ! Et vous cherchez quoi, bande de comploteurs, avec ces avis tout pleins de louanges ? À me forcer les yeux ?!... Mille mercis, je vous aime tous ! Lou ! est une gourmandise. Et sa portée est à des lieues du rose bonbon. J'adore !

Les personnages sont ultra attachants. J'ai de la tendresse pour cette maman infantile qui inverse le rapport filial. La complicité avec sa fille est telle, qu'on la voit plus comme une grande soeur. Et si elle se réfugie souvent derrière sa console de jeu pour s'évader du quotidien, on devine derrière ce comportement immature, la jeune mère qui s'est consacrée corps et âme. Maintenant que Lou s'émancipe, elle revit une fin d'adolescence que la vie a un peu tronquée. Comment lui en vouloir ?

La mamie est également touchante. Gavant ses benjamines de remarques acerbes, de critiques agaçantes, d'histoires de varices, et de choux de Bruxelles, elle cache derrière une dureté et une autorité de façade, cette énorme tendresse qu'elle ne peut ou n'ose exprimer que par petites « vacheries ». Peut-être un défaut de sa génération, de l'héritage d'un passé, d'un temps où il était de meilleur ton de refréner tout épanchement sentimental. J'espère que les prochains tomes donneront l'occasion d'en apprendre un peu plus sur son histoire.

Et Lou, enfin. Charmante petite blondinette, rayon de soleil, qui, du haut de ses 12 ans, n'est pas tellement différente des fillettes de son âge. Sans être fashion victime, elle aime les fringues (qu'elle confectionne elle-même), elle est accroc au portable, elle supporte plus qu'elle aime l'école et s'éveille doucement aux sentiments amoureux. Timide, intelligente et rêveuse, elle n'en a pas moins les pieds sur terre quand il s'agit, entre autres, de trouver avec l'aide de sa meilleure amie Mina, un prince charmant pour sa maman. Cette adorable frimousse nous dévoile son univers.

Autour de ce trio, gravite une galerie croustillante. Les copines, les petits copains, le voisin d'en face, le papa fugueur, la concierge et bien d'autres encore. Julien Neel, de son coup de crayon à la fois doux, expressif et résolument moderne, nous croque leurs quotidiens en un régal de planches aux nuances pastel. Une ribambelle de saynètes qui, loin de viser un ton exclusivement humoristique, varient les chutes et les émotions, nous abandonnant, c'est selon, rigolard, réfléchi, ému, rêveur, philosophe, mélancolique ou poète.

Cette structure narrative de type « un gag par page » (qui acquiert plus de flexibilité et de fluidité dans les opus 2 et 3) peut, dans sa forme la plus stricte, aboutir à un ensemble sans liant, plus ou moins incohérent. Ici, c'est tout le contraire. Au-delà de la succession de scènes, c'est bien un délicieux récit continu que l'on suit. Mieux, on assiste à l'évolution des protagonistes, ils vieillissent et grandissent. Devant nos mirettes complices et privilégiées, c'est leurs vies qui se construisent.

Cette série m'a littéralement avalé ! L'onirisme subtilement édulcoré qui s'en dégage m'a déconnecté de la réalité. Par cet aspect, elle me fait beaucoup penser à Koma. Une merveille !
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