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Critique de EmmaMaub


These Violent Delights présente l'histoire de deux jeunes hommes, Paul et Julian, et de leur relation tumultueuse. Ils se rencontrent à la fac et font réellement connaissance grâce à une discussion sur la moralité et la responsabilité morale (ce qui est ironique) et se retrouvent rapidement l'un dans l'autre. Ils nouent une relation d'amitié qui évolue rapidement vers de l'amour et de la co-dépendance toxique et déchirante. Paul est un être solitaire, artistique et timide, il est tourné vers lui-même et vers sa souffrance, il se coupe volontairement du monde. Julian est riche, confiant, il bouge comme s'il n'avait pas le poids du monde entier sur les épaules. Paul se sent inférieur au grand Julian, insensible, fort, intangible et confiant. Ce dernier se révèle pourtant n'être qu'un jeune homme au complexe d'infériorité explosant le plafond, il joue un rôle, est mal aimé, il évolue dans le monde comme sur une scène de théâtre. Sa confiance et sa raideur ne sont qu'un rôle, il ne cherche qu'à être vu et aimé. Leurs rapports de force sont alors déséquilibrés dès le début, Paul ne comprendra que trop tard qu'il est réellement le maître de leur relation. Il reste pourtant persuadé pendant très longtemps que Julian le mène par le bout du nez, qu'il est meilleur que lui, qu'il ne mérite ni son amour ni son attention. Julian ne souhaite pourtant que l'approbation de Paul, il cherche à lui faire voir son amour et sa dévotion tout en essayant de prendre le contrôle de leurs liens, il tente de se poster en position de force. Chacun est persuadé de ne pas mériter l'amour et le respect de l'autre, ils se servent égoïstement l'un de l'autre jusqu'à causer leur perte mutuelle et la mort d'un innocent.
These Violent Delights traite alors de toxicité, de violence, d'obsession, de passion et de cruauté. L'amour et la haine ne sont que les deux faces d'une même pièce pour Paul et Julian qui se détruisent autant qu'ils se construisent. La descente dans la tristesse, la désolation et la noirceur se fait par étapes, de manière insidieuse et sournoise. Paul et Julian sont malheureusement trop empêtrés dans cette spirale pour s'en sortir innocemment.
Paul est un narrateur peu fiable, il faut voir au travers de sa tristesse et de sa haine de lui-même pour entrevoir la vérité et le pouvoir qu'il a réellement sur Julian ainsi que la perversité qui l'anime et le pousse à commettre des actes ignobles de violence extrême. Ils sont tous les deux victimes de leur propre psyché, leur véritable ennemi qui entraînera leur perte.
L'écriture est absolument magnifique, fluide et entraînante. Micah Nemerever signe ici un premier roman exceptionnel. L'histoire est tragique, la fin est sous-entendue dès le début au travers de la partie d'échecs mythique de Kazlauskas et Kaplan en 1970. Un nuage noir pèse alors sur le destin de Paul et Julian tout au long du livre et nous nous retrouvons à guetter à chaque coin de rue le moment où le couperet tombera enfin.
La fin m'a laissé un goût amer dans la bouche, elle est logique, magnifique et inévitable. Elle est aussi parfaite que douloureuse et conclut parfaitement l'histoire. Cette lecture me laisse alors secouée et un peu hagarde. Je pense qu'il s'agit d'un livre qui restera longtemps à mes côtés et dans mes pensées.
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