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Critique de katicha


Un roman très sympa reçu grâce à Babelio et aux éditions Folies d'encre - que je remercie - et dévoré en quelques heures tant il m'a plu.

C'est l'histoire de Gábor et Christian, deux frères. C'est l'histoire de Super Gypsy et de Super Hébreu. C'est l'Histoire, avec un grand H, qui s'invite dans leur vie.

Il a suffi d'un instant. Une insulte lâchée dans la cour de récréation: "Sale juif !" Une insulte qui laisse Christian pantois, lui qui sert la messe tous les dimanches en compagnie de Gábor. Car leurs parents les éduquent dans la plus pure religion catholique, et les veulent irréprochables. L'éducation à la hongroise, chez les Király, c'est un bagne dont on ne sort que banquier, avocat ou chirurgien, quelque chose qui ne prête pas à la plaisanterie, un carcan de principes où les questions innocentes sont vues comme déplacées.
Aussi, lorsque Christian informe son frère de leur supposée judéité, lorsqu'il demande à sa mère si l'insulte essuyée à l'école a un fond de vérité, l'ordre familial en est ébranlé.
De fait, en attendant une explication paternelle qui ne viendra jamais, les frères s'adaptent à la situation: "Toi, tu es juif si tu veux. Moi, je reste hongrois", tranche l'aîné. Et c'est pour la vie, mais ils l'ignorent encore.
Ainsi, de chapitre en chapitre, on suit les destins parallèles des frangins. Gábor, alias Super-Gypsy, qui découvre les filles, la musique pop, les barricades de 68 , les cheveux longs et la révolte adolescente sous les yeux émerveillés de Super-Hébreu. Lequel ne rêve que d'art, de voyages et de petites culottes, redoublant le désespoir des parents.
Dépassés, éperdus face à un monde nouveau qui leur rappelle leur sombre exil, tremblants de voir le communisme s'installer chez eux et leur progéniture revenir à la religion juive alors qu'ils se croyaient tirés d'affaire, alors qu'ils croyaient avoir gommé le souvenir de la déportation, les Király réagissent comme tous les gens qui ont trop souffert: l'une se mure dans le silence, l'autre s'enferme dans le mépris.
Mais sans jamais révéler quoi que ce soit de concret sur les origines familiales, ou alors par petites touches , afin d'arranger le tableau. Et cette ignorance perdure, tandis que les garçons font leurs expériences sentimentales, professionnelles, sociales. En vieillissant, Gábor et Christian tentent de s'inventer. Comme nous tous, sans doute.
Et c'est peut-être pour cela que ce livre est tellement touchant, parce qu'il raconte la vie, tout bêtement. La vie de frères dissemblables, mais qui n'oublient jamais de s'aimer. La vie de jeunes devenus vieux, qui cherchent à entrer dans la peau d'un personnage puis trouvent leur propre voie. La vie comme un grand mystère dont l'énigme est toujours révélée trop tard, une fois que tout est consommé. Mais que l'on savoure tout de même avec reconnaissance.

Je remercie donc l'auteur de m'avoir fait plaisir, tout simplement. Et d'avoir remis au goût du jour la bonne vieille blague des coiffeurs, dont je croyais être seule à rire.

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