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Critique de Krout


J'avais noté en pense-bête Jézabel de cette auteure suite à l'une ou l'autre chronique élogieuse et peut-être les échos d'une chanson^^... il y avait bien à la bibliothèque : Suite Française mais dans quel état, et puis trop long. Ainsi par la volonté de découvrir une auteure et par une bonne dose de hasard se fut L'affaire Courilof, d'autant que je lis peu de biographies. Cela tombe bien cela n'en est pas une, ou plutôt si, mais fictionnelle. Encore faudrait-il trancher : est-ce celle d'Alexandrovitch Courilof, ministre de l'Instruction publique du tsar Nicolas II, ou celle de Léon M., terroriste ? Car il n'y a pas qu'aujourd'hui. En 1905 c'est qu'il y en avait des attentats, jusqu'en Russie ! Même la si tranquille, si proprette Suisse accueillait une branche de cette organisation.

J'ai lu avec un plaisir certain cette nouvelle. J'ai beaucoup aimé me retrouver dans la tête d'un individu qui pour des raisons bien ténues, par une bonne dose de hasard bascule vers la révolte et le terrorisme en s'approchant fort de l'anarchie finalement. Il aura fallu peu de chose, l'inclination d'un moment, je me le figure en pensant comment je suis en train de le lire. Quelle fine construction pour nous amener à découvrir petit à petit le caractère de Courilof dans toute sa complexité et les tiraillements de ses contradictions au point, par effet de ricochets, d'induire des sentiments tout aussi contradictoires chez l'homme chargé de l'assassiner en public.

Ainsi démarre cette histoire par une ouverture classique :
"Léon M... mourut en mars 1932 dans la maison de Nice, où il avait passé ses dernières années.
Parmi ses livres on trouva une petite serviette de cuir noir; elle contenait quelques dizaines de pages dactylographiées épinglées ensembles. La première portait au crayon ces mots :
AFFAIRE COURILOF" p.23

Et moi de me laisser entraîner par la lecture de ces soi-disant documents auto-biographiques tant qu'à la fermeture de ce court récit je vais googler non pas Léon M. , gros malins^^ mais Courilof, au cas où. Il n'a pas existé. Je tombe cependant sur un article du journal The Guardian dont quelques détails pourraient intéresser certains d'entre vous : cette nouvelle publiée en 1933, soit une quinzaine d'années avant Les mains sales de Sartre et Les justes de Camus, est basée sur un assassinat réel. Irène Némirovsky y réécrit des évènements historiques insufflant que le terrorisme est plus qu'une question morale et philosophique.

Pour ma part je préfère quelque soit le contexte garder cette pensée d'une infinie justesse : "On ne peut même pas dire avec certitude d'un homme qu'il est bon ou mauvais, bête ou intelligent. Il n'y a pas d'homme bon qui n'ait commis dans sa vie une action cruelle, ni de méchant qui n'ait eu un mouvement de bonté, ni d'homme intelligent qui n'ait jamais fait de sottises, ni d'imbécile qui n'ait jamais agi avec intelligence ! D'ailleurs cela donne à la vie sa diversité, son imprévu. Cela m'amuse encore ..." p.138
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