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Critique de julienleclerc45


Dans cette édition intégrale, le lecteur plonge dans l'histoire rocambolesque des Cinq de Cambridge. Inspiré de faits réels, cette bande dessinée impressionne par le richesse des informations, ce qui transparaît dans un bel équilibre entre des dialogues fournis et des dessins foisonnants. Les décors sont d'une précision captivante (dans leur imposante architecture notamment) et la ligne claire, par la force de sa perspective et la richesse des nuances de couleurs, amplifie l'élégance de la mise en scène. Une fois le cadre posé, ce qui donne un appui aux dialogues (le cimetière, les restaurants chics, les bureaux de Cambridge…), les auteurs portent une grande attention aux mouvements des personnages. Chacun semble avoir sa propre démarche, son propre port de tête. L'entrée en scène de Guy Burgess en est un bel exemple. On saisit tout de suite le personnage, son caractère. Un homme qui ne sait pas être discret et pourrait être qualifié de forte tête. La force de cette narration est de se concentrer sur les particularités de chacun des Cinq et de tenter d'esquisser leur portrait. Leur ambiguïté est le fil rouge de cette histoire, distillant de l'intime au sein de l'histoire officielle. Les auteurs parviennent à capter les figures historiques facilement et les mettre en scène avec beaucoup de sincérité. Ces allers-retours entre les faits historiques et les vies privées des Cinq dynamisent la bande dessinée. Nous passons de la réalité de terrain avec des hommes en mission aux salons privés des chefs d'état comme Hitler et Staline, en passant par les ambiances de bureau. Car nos cinq espions sont des agents de dossiers et ils doivent toujours être au plus près des décisions. Leur proximité avec le pouvoir rend leur rôle plus important et leur trahison encore plus grande. Cette exploration dans toutes les strates apporte un certain vertige à l'histoire, d'autant plus que les enjeux concernent l'équilibre des forces pendant le conflit mondial. La mise en abyme, propre au rôle d'espion, devient aussi un symbole récurrent tant dans les textes que dans les dessins. Les personnages assistent à des soirées déguisées ou vont au cinéma. le faux semblant est leur quotidien et la quête de vérité devient un chemin sans but. N'oublions pas que cette histoire est racontée par l'un des Cinq, Edward Blunt, ce qui ajoute en trouble. Tout au long des trois tomes, le narrateur répond aux jeunes hommes en quête de vérité. Ceux-là mènent le dialogue avec une certaine véhémence, repoussant leur interlocuteur dans ses retranchements. Mais celui-ci tente de sortir ces contradicteurs d'un schéma trop binaire. Les auteurs travaillent à montrer la difficulté de voir clair dans tous ces moments de l'Histoire. Beaucoup de non-dits, des comportements libres chassés de la société, des engagements politiques très vifs et la violence d'un choc économique. Edward Blunt donne tous ces détails non pas pour minimiser son rôle mais pour rétablir l'épais brouillard qui entourait les êtres. Les personnages, malgré des comportements excentriques pour certains, défendent une vision égalitaire de la société, mettant à mal l'aristocratie de Cambridge. La place privilégiée de ces espions renforce encore peu plus leur trahison car à la cause politique, s'est ajouté une question sociale. Au coeur de cette histoire, les auteurs pointent la question d'engagement politique et cela sous entend la place de l'individu dans une société dont il ne perçoit que certains aspects.
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