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Critique de Elamia


J'adresse un immense merci à Babelio et aux éditions Gulf Stream pour la merveilleuse découverte de ce livre.

Sous une couverture d'apparence plutôt banale et un brin enfantine se cache une histoire riche en émotions et d'une grande maturité.
Le petit plus qui fait chaud au coeur, est le pendentif Claddagh offert avec le livre. C'est un joli geste de la part des Éditions Gulf Stream qui nous permet de nous immerger avant même les premières lignes dans l'univers du roman.

L'histoire prend place en Irlande et plus précisément dans le comté de Galway. Nous sommes en plein coeur du XIXème. Vous n'êtes pas sans savoir qu'à cette période, l'Irlande, déjà lourdement affaiblie par les conflits avec l'Angleterre va connaître l'une des plus grandes tragédies de son histoire. La pénurie de pommes de terre dûe à la maladie du mildiou engendre une famine sans précédent. Les paysans meurent de faim et beaucoup d'Irlandais partent pour les Etats-Unis avec dans le coeur la promesse d'une vie meilleure. Nous vivons cette tragédie directement de l'intérieur à travers les yeux de la jeune Keira. Fille de cuisinière, elle est femme de chambre chez une famille de vicomtes. Même si sa condition de domestique lui retire bien des privilèges et sa liberté, elle ne pâtit pas de la faim et a un toit au dessus de la tête. Ce qui n'est hélas pas le cas de la famille Dunnan. Ce couple de paysans et leurs cinq enfants vivent dans la misère la plus totale. Leur histoire si poignante nous fait prendre conscience des conditions réelles de la famine. Alors que les enfants s'endorment la faim au ventre chaque soir, le sort semble s'acharner sur la demeure. Keira et sa mère Morna risquent leur place à tout moment pour tenter de leur apporter un brin d'espoir.
Ce roman illustre parfaitement les différents degrés de misère dans laquelle l'Irlande fut plongée. On se rend compte à quel point la souffrance et la misère était partout à cette période. On comprend les motivations de ces milliers de gens qui n'ont pas hésiter à s'exiler vers l'inconnu pour fuir une fin atroce. C'est d'autant plus troublant que même dans leur enfer quotidien, certains continuent de garder la foi. Car pour ce peuple traditionaliste et très pieux, il est autant plus dur de constater que si Dieu existe, il peut s'avérer aussi cruel.

L'héroïne de ce roman, Keïra est une personnalité très agréable à suivre. Incomprise par sa mère, elle trouve du réconfort auprès de sa grand-mère avec qui elle communique de manière surnaturelle. Anciennes traditions païennes et chrétienté ne font qu'un dans le coeur de la jeune fille. Elle garde pour son héritage celte une affection certaine et continue de perpétuer les fêtes celtiques de jadis. L'auteure nous les décrit avec précision et on voit qu'elle y accorde de l'importance sans en écrire des pages non plus. Et moi, dès qu'il y a des mots en gaéliques dans le texte et que l'on me parle de célébrations celtes, je suis déjà conquise à 80%.
L'aspect contemplatif qui se dégage du roman et les descriptions des paysages m'ont immédiatement transportée en Irlande. le caractère rêveur de Keira s'accorde avec le rythme des saisons, et si l'on part d'un été encore plein d'espoir, l'hiver qui arrive entraine son lot de malheurs.
Si Keira m'a d'emblée parue sympathique, j'ai eu un peu plus de mal à cerner la personnalité de Morna, sa mère. Même si très vite j'ai fini par adoré son caractère franc, impulsif et sa générosité. Je ne sais en revanche quoi penser d'Arthur et j'attendrai la suite afin de préciser mes impressions (bonnes ou mauvaises) sur ce personnage. J'ai l'impression d'avoir été trahie par ce qu'il a fait à Keira et j'espère qu'il aura une bonne excuse.

C'est donc une prise de conscience terrible pour nous lecteurs d'aujourd'hui. Et c'est encore plus dramatique que deux siècles après, certains pays vivent exactement la même situation... Ce roman estampillé jeunesse nous ouvre les yeux sur la réalité d'un monde implacable. La plume délicate de Béatrice Nicodème donne à ce roman une maturité et une douceur contrastant largement avec le drame qui se joue sous nos yeux.

Une jolie découverte dont il me tarde de lire la suite, qui ne sortira hélas qu'au printemps 2016.

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