>
Critique de horline
Parfois la science-fiction est plus effrayante lorsqu'elle ne recourt pas au fantastique. Gustavo Nielsen l'a très bien compris en braquant les projecteurs sur les manipulations génétiques dans le coeur de Doli. Il y décrit un monde qui anticipe à peine le nôtre au sein d'une station balnéaire d'Argentine, pays où le clonage poussé à l'excès aboutit à un système de discrimination dénué de toute considération éthique.
La famille de Victor n'a pas échappé au phénomène avec un adolescent qui mène une vie en marge plus proche de l'esclavage que des préoccupations des adolescents de son âge. Car statutairement être une copie, un clone de remplacement de son frère Sergio lequel le méprise dessaisit Victor de toute personnalité juridique. Rejeté également par sa propre mère, le jeune homme accepte cette réalité impitoyable avec une placidité déconcertante jusqu'à ce qu'il découvre qu'il n'est pas seulement une banque de données ou une réserve d'organes en cas d'accident ou de maladie, mais, à l'occasion de l'éveil des sentiments, un être humain doué de sensibilité avec des envies, des ambitions, des projets personnels...
Ça aurait pu être une lecture d'une absolue noirceur si l'auteur argentin ne nous avait pas gratifié du contraste saisissant entre la cruauté des uns et l'amour, la générosité, l'intelligence de Victor lesquels rendent le cynisme des premiers encore plus grotesque. Exacerbant les différences, l'auteur rend le personnage de Victor ainsi très attachant et le récit emballant, même si Victor dans sa rébellion fait preuve d'un comportement déroutant.
Au-delà du texte, ce qui est intéressant dans le coeur de Doli c'est la réflexion transversale qui balaie et organise tout le récit et grâce à laquelle, même poussée l'extrême, Gustavo Nielsen prend la réalité pour ce qu'elle est : effrayante. Avec un style ferme et serein, l'auteur argentin explore l'exploitation qui peut être faite de certains progrès de la science. Une narration sans jugement, sans doute qui n'enjolive ni ne masque afin de laisser le lecteur sans distance possible face à la brutalité des faits. Cela donne à lire un monde en apparence monstrueux mais très crédible et qui interroge forcément notre conscience.
Récit où l'argent est roi et la technologie son prophète, le coeur de Doli s'affiche clairement comme un signal d'alarme contre une course au confort et au consumérisme qui conduirait à une déshumanisation de nos sociétés contemporaines.
Mais le tableau dépeint est si sombre et si cruel que l'on peut également faire abstraction du message revendiqué par Gustavo Nielsen et se borner à lire le roman comme une simple fiction comme j'ai pu le faire.
Ce fut une belle lecture malgré un début de roman qui manque de fluidité.
La famille de Victor n'a pas échappé au phénomène avec un adolescent qui mène une vie en marge plus proche de l'esclavage que des préoccupations des adolescents de son âge. Car statutairement être une copie, un clone de remplacement de son frère Sergio lequel le méprise dessaisit Victor de toute personnalité juridique. Rejeté également par sa propre mère, le jeune homme accepte cette réalité impitoyable avec une placidité déconcertante jusqu'à ce qu'il découvre qu'il n'est pas seulement une banque de données ou une réserve d'organes en cas d'accident ou de maladie, mais, à l'occasion de l'éveil des sentiments, un être humain doué de sensibilité avec des envies, des ambitions, des projets personnels...
Ça aurait pu être une lecture d'une absolue noirceur si l'auteur argentin ne nous avait pas gratifié du contraste saisissant entre la cruauté des uns et l'amour, la générosité, l'intelligence de Victor lesquels rendent le cynisme des premiers encore plus grotesque. Exacerbant les différences, l'auteur rend le personnage de Victor ainsi très attachant et le récit emballant, même si Victor dans sa rébellion fait preuve d'un comportement déroutant.
Au-delà du texte, ce qui est intéressant dans le coeur de Doli c'est la réflexion transversale qui balaie et organise tout le récit et grâce à laquelle, même poussée l'extrême, Gustavo Nielsen prend la réalité pour ce qu'elle est : effrayante. Avec un style ferme et serein, l'auteur argentin explore l'exploitation qui peut être faite de certains progrès de la science. Une narration sans jugement, sans doute qui n'enjolive ni ne masque afin de laisser le lecteur sans distance possible face à la brutalité des faits. Cela donne à lire un monde en apparence monstrueux mais très crédible et qui interroge forcément notre conscience.
Récit où l'argent est roi et la technologie son prophète, le coeur de Doli s'affiche clairement comme un signal d'alarme contre une course au confort et au consumérisme qui conduirait à une déshumanisation de nos sociétés contemporaines.
Mais le tableau dépeint est si sombre et si cruel que l'on peut également faire abstraction du message revendiqué par Gustavo Nielsen et se borner à lire le roman comme une simple fiction comme j'ai pu le faire.
Ce fut une belle lecture malgré un début de roman qui manque de fluidité.
