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Critique de FMK


FMK
21 novembre 2022
Un grand merci à l'équipe de la Masse Critique Babelio et aux éditions Voolume pour cette très belle expérience de lecture ! En effet, il s'agit ici de ma première véritable expérience avec un livre audio (si on oublie les vieilles cassettes audio de mon enfance sur les grands classiques de Walt Disney, qui tournaient en boucle sur mon magnétophone...), en plus de la découverte d'un auteur avec ce texte singulier à plus d'un titre.

Dans sa petite bourgade, bordant un des innombrables canaux irriguant le Mitan (à prononcer comme "Mi-temps"), le jeune Gabriel s'ennuie à mourir. Les jours passent et se ressemblent tous, rythmés par les leçons sans saveur de la vieille Mlle Denis, les imprécations sévères du prêtre et les corvées inhérentes à la vie au temple. Jusqu'au jour où une étrange embarcation bariolée, peuplée par un équipage non moins étrange d'acrobates, de danseurs ou de bouffons aux costumes grotesques fait halte en ville pour une de ses rares représentations. Pour le jeune orphelin, c'est une révélation : dès le lendemain, il abandonne presque sans regret cette vie morne et décide de se faire engager comme mousse sur le bien-nommé "bateau-carnaval", à la découverte du vaste monde et de ses innombrables mystères. 

Je ne peux pas vraiment vous en dire plus sur l'intrigue sans gâcher le plaisir de lecture lié à son dévoilement progressif tout au long du roman. Divisé en huit parties adoptant différents points de vue, le récit est un savoureux mélange de plusieurs genres littéraires : on passe du récit initiatique mâtiné de fantasy à l'ère préindustrielle à une enquête policière sur fond de fantastique, avec une touche de western… J'ai beaucoup aimé cette ambiance inhabituelle, qui se laisse doucement découvrir au fil des pages. 

On fait ainsi petit à petit connaissance avec les différents protagonistes, qu'ils soient membres de l'équipage du bateau-carnaval, prévôts ou enquêteurs mandatés par une compagnie minière en pleine expansion. À travers leurs yeux, on apprend les règles de ces terres rudes, où le temps semble s'être arrêté, et que la modernité finit inexorablement par rattraper. Cette nostalgie constitue, à mon sens, le coeur de ce roman : avec l'industrialisation progressive de la région pour ses ressources minérales, c'est tout un mode de vie basé sur l'utilisation quotidienne des canaux qui disparaît peu à peu, en même temps que des traditions séculaires héritées d'anciennes cultures. le bateau-carnaval entretient d'ailleurs des liens très forts avec une population indigène que le reste du monde préfère oublier, mais qui sont pourtant à l'origine même des canaux, et dont les croyances animistes ont posé les bases du Culte officiel qui a relégué les histoires des esprits de la nature à l'état de légendes que seuls les plus anciens racontent encore. Il y a ici une influence évidente de l'histoire de l'Amérique du Nord et du traitement des natifs par les colons, une autre des principales thématiques du roman. le contexte géopolitique de ce monde, et par extension la géographie même du Mitan, ont également une place très importante dans ce récit, et en constituent une des clés que je vous laisse le plaisir de découvrir par vous-mêmes… 

La version audio de ce roman, que j'ai eu la chance d'écouter, est éditée chez Voolume et lue par le comédien Simon Jeannin. Dès les premières secondes du prologue, le ton est posé par la voix sobre du narrateur dans une scène d'attaque nocturne haletante, au milieu de la brume des canaux. Puis vient la première partie, racontée par la voix peu assurée et plus candide du jeune Gabriel, qui débute son apprentissage de la vie de bateleur avec l'étrange et attachant équipage du bateau-carnaval. Il s'agit sans conteste de la partie la plus longue du roman, mais également de celle que j'ai préférée pour son côté initiatique. En l'écoutant, j'avais vraiment l'impression de découvrir ce nouveau monde par les yeux de Gabriel, avec l'innocence et l'émerveillement propres à l'enfance : une sensation que j'ai vraiment adorée ! J'ai également beaucoup apprécié le fait que chacun des différents personnages présentés durant cette partie soit immédiatement reconnaissable à l'oreille, de par le ton de sa voix, son accent ou encore le lexique utilisé. En effet, le soin apporté à l'auteur dans la description de ses personnages permet de se les représenter assez facilement, ce qui a dû aider le narrateur de cette version audio à leur donner avec succès une voix caractéristique. 

Même s'il y a quelques longueurs par moments, en raison du rythme assez lent auquel se déroulent les événements de l'intrigue, je ne me suis pas ennuyé une seconde et je me suis laissé porter par la voix de Simon Jeannin et par l'ambiance nostalgique que le comédien arrive très bien à retranscrire. Je pense que j'aurais apprécié de lire ce très bon roman en version papier, mais je dois reconnaître que la voix apporte ici une dimension supplémentaire pour se projeter plus facilement dans le récit et son univers. 
Cela a donc été pour moi une expérience vraiment très agréable, que je serais ravi de réitérer à l'avenir ! 
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