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Critique de sebthoja


28 février 1953, une interprétation du Concerto pour piano nº23, avec pour soliste Maria Ioudina, est diffusée par la Radio du Peuple. Staline tombe sous le charme et exige un enregistrement. Mais, l'émission a été diffusée en direct. Il va falloir trouver une solution, de gré ou de force...
La violence, seule issue pour tous ces agents soviétiques qui se pétrissent de peur en imaginant le courroux éventuel du « plus grand homme que la terre ait jamais porté » (page 8).
La lâcheté, comme moyen de défense, car même mourant, Staline effraie. Cet enregistrement sera en effet un de ses derniers ordres. Il s'effondre peu après, victime d'une hémorragie cérébrale. Il est paralysé du côté droit. Un médecin doit intervenir au plus vite. Mais lequel ? Les membres du Comité central tergiverseront sur la question pendant des heures... Car, quelque soit le médecin appelé, les conclusions de celui-ci, qui semblent déjà être pessimistes, pourront être imputées à celui qui l'a fait venir...
Ubuesque, grotesque, entre fascination et dérision, Fabien Nury, d'un scénario mené tambour battant, explore la décrépitude d'un empire qui ne tenait plus que dans la personne de son chef. de traîtrises en bassesses les plus viles, les membres du Politburo ne reculeront devant rien. Les tensions montent pendant l'agonie du plus grand « camarade » pour finir en apothéose après l'annonce de sa mort.
L'idéal communiste semble bien loin. Ces années de stalinisme ont installé la cruauté au pouvoir. C'est d'ailleurs sûrement la seule valeur qui semble être partagée de façon juste et égalitaire. Du membre le plus éminent de la direction centrale à la plus simple personne du peuple abattue froidement pour avoir simplement voulu rendre hommage à celui qu'elle considérait aveuglément comme un guide : la peur s'installe.
L'écrasement, c'est ce qui ressort du dessin très expressif de Thierry Robin. Écrasés par leurs fonctions, par les lignes des bâtiments, un poids énorme pèse sur chacun des personnages dont les sentiments sont clairement exprimés sous leurs traits.
Une réussite, ce diptyque réuni ici en une intégrale. Bientôt adapté au cinéma, il donne à voir une vision salutaire de l'intérieur d'une des plus grandes dictatures que la terre ait jamais portée. Une supercherie sanguinaire qui a su pourtant fasciner des foules entières par l'espoir qu'elle leur promettait.
Un espoir désormais orphelin, qu'il faut aujourd'hui reconstruire.

Lu en décembre 2017.
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