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Critique de fabienne2909


« La vie ne se passe pas toujours comme prévu. (…) Mais c'était précisément parce que la vie était imprévisible que l'on pouvait savourer la joie de surmonter les obstacles. »
Shizuku Umino arrive au début de ce roman à la Maison du Lion, sur l'île de Setouchi, au Japon. Cet établissement est un peu particulier, puisqu'il s'agit d'une maison de fin de vie, où les personnes condamnées par la maladie viennent vivre leurs dernières semaines dans les meilleures conditions possibles, chouchoutées par Madonna, la directrice, et son équipe. La vie y est calme, sereine, et rythmée par les goûters du dimanche, pendant lequel un gâteau est dégusté sur demande, tirée au sort, d'un pensionnaire, parce qu'il lui rappelle un souvenir en particulier.

On suit dans ce roman narré par Shizuku son évolution, son cheminement fait de hauts et de bas dans l'acceptation de sa propre mort : la jeune femme résignée a l'arrivée renoue, au contact de Rokka, la jeune chienne avec qui une relation pleine d'affection se noue immédiatement, et Tahichi, une jeune vigneron avec qui il aurait pu se passer beaucoup de choses si la vie en avait décidé autrement (les pages où ils seront ensemble occasionneront quelques moments sublimes) avec sa pulsion de vie, même si c'est difficile et douloureux, la faisant réfléchir sur sa perception même de l'existence (« Une fois de plus, j'ai été reconnaissante qu'il y ait encore cette chose appelée vie à l'abri dans mon corps. Même si cette vie était si fragile qu'elle aurait pu être emportée par un courant d'air, c'était parce qu'il y avait de la vie que ce jour pouvait exister. Ce n'était pas être dans l'erreur que d'espérer vivre davantage, que de ne pas vouloir mourir »), la mort étant perçue au Japon comme la fin d'une incarnation et non pas la cessation de la vie.

Car oui, le sujet de ce roman est funèbre — une jeune femme va mourir et s'y prépare de toutes ses forces —, mais j'y ai trouvé un message qui va au-delà de la mort et de l'acceptation de celle-ci, plus universel et qui peut résonner en chacun : celui d'apprécier la vie, comme elle est, comme elle se présente, en gardant en tête ses beautés et sa fugacité.

J'ai beaucoup aimé ce roman qui sait réveiller chez le lecteur sa pulsion de vie, qui a su le toucher particulièrement en rappelant que chaque petit moment, même le plus anodin, est précieux dans sa singularité. Que contrairement à ce qu'on pense car on est habitué à la permanence de sa vie, chaque bon moment pourrait être le dernier.

Ce roman est beau, il est digne, d'une délicatesse toute japonaise : les sentiments sont exposés par petites touches pastel, comme à travers un voile délicat qui vient gommer leur aspérités, leur exubérance, mais pas leur présence. J'ai aimé accompagner Shizuku Umino dans ses dernières semaines, j'ai été impressionnée par sa force et son âme. J'ai été moins séduite par les dernières pages, qui donnent un autre aperçu à l'histoire, et qui n'étaient pas utiles pour moi. Mais qu'importe, « Le goûter du Lion » est un véritable petit bijou d'émotion, lisez-le !
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