AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de mylena


Ce livre est le journal des premières semaines de guerre en Ukraine tenu par Dmitri et par Oleg, co-auteurs de romans de fantasy sous le nom d' Henry Lion Oldie. C'est du quotidien, pour des raisons matérielles partiellement écrit sur leurs smartphones. Ils l'ont mis en ligne sur leur site puis en ont fait un livre vendu au profit de dix équipes de bénévoles humanitaires (en plus de leurs autres livres). Ils ont arrêté ce journal à la mi-avril, ne voyant plus l'utilité pour un lecteur. C'est vrai qu'a priori tant d'un point de vue littéraire qu'informatif, l'intérêt est faible. A priori … Nos deux écrivains habitent tous deux Kharkov, dans le même immeuble. Ils ont le même âge. Les premières pages de leur journal sont sur le même ton, leur vécu, leur ressenti et leurs inquiétudes sont similaires. Tout juste peut-on noter que Dmitri est plus prolixe et qu'Oleg est un poète (ce que j'ignorais). Ensuite, à deux jours d'intervalle ils prennent la route et deviennent des réfugiés. le journal de Dmitri et celui d'Oleg changent alors de ton. Ce n'est que vers la fin que j'ai commencé à y trouver une explication, ou plutôt un début d'explication. Je m'avance peut-être beaucoup, je ne connais pas le caractère de Dmitri ni celui d'Oleg, alors que le tempérament personnel joue certainement un rôle majeur. Je sais juste que l'un a une formation scientifique, et l'autre, le poète bien sûr, est un littéraire. Dmitri, réfugié à Lvov, avec son fils et sa belle-fille (sa femme, avec son beau-père malade, est réfugiée en Europe), s'active beaucoup pour coordonner du bénévolat pour aider les habitants restés à Kharkov ainsi que les réfugiés. Oleg me semble beaucoup plus abattu, dégouté des hommes, presque plus soucieux des animaux auxquels il consacre toute son empathie. D'abord, visiblement, ils n'ont pas vécu la même chose en ligne. Oleg a eu affaire à plus de trolls. Et pourtant, au début, c'est lui qu'un russe de Belgorod, ami et lecteur, habitant tout près de l'aéroport militaire, appelait à chaque fois qu'il voyait un bombardier s'envoler en direction de Kharkov, pour qu'il puisse se mettre à l'abri quelques instants avant que les sirènes ne retentissent. Ensuite, réfugié, Oleg est plus loin des siens, hormis sa femme, et la belle-famille de sa fille est restée sur place. Et puis, et je crois que c'est l'essentiel, il y a ce leit-motiv, cette très belle chanson composée par son père un peu avant d'émigrer aux USA en 1990, dont chaque strophe s'achève par « Tout cela, tout cela, tout cela est une maison,
La maison,
Que je ne voulais pas quitter... » et dont la dernière strophe se termine par « Tout cela, tout cela, tout cela est une maison,
La maison,
Qu'on ne peut pas fuir... » Il faut dire que le titre en russe n'est pas Invasion, mais «La maison que je ...»
Cet écart qui s'est creusé entre leurs ressentis, leurs façons de réagir, m'interpelle. Je rassure les lecteurs d'avance, ils vont bien tous les deux (autant qu'ils le peuvent) et ont même recommencé à écrire ensemble. Ce livre est un beau témoignage de la solidarité des Ukrainiens entre eux, unis comme jamais, hélas à cause de cette guerre !
Commenter  J’apprécie          310



Ont apprécié cette critique (29)voir plus




{* *}