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Critique de Patsales


Claire Ollagnier fait le choix de quatre moments, du XVII° au XIX°, pour expliquer par quel cheminement la chambre est devenue synonyme d'intimité (voire de solitude, puisqu'elle est le lieu où l'on se retire).
Pourquoi commencer au XVII°? C'est que le roi a désormais une résidence (tandis que François Ier baguenaudait de château du Loir en château de la Loire), donc un lit (car les bottes de paille, on finit par s'en lasser). Ce lit, veillé nuit et jour par un domestique, est isolé du reste de la pièce par une balustrade qui symbolise à la fois la sacralité du corps du roi et la théâtralité de sa vie offerte à (presque) tous. le roi se lève comme l'astre dont il porte le nom, dans une chambre installée au centre du château, dans l'axe de la course du soleil.
La chambre peut aussi se faire salon, espace non plus de représentation mais de communication : les influenceuses du XVIII° reçoivent depuis leur lit et même le dictionnaire précise que les chaises en nombre font partie du mobilier indispensable à la chambre. L'intimité n'est pas encore celle des corps, elle naît de la conversation.
La sexualité libertine, elle, si elle ne boude pas la chambre, n'est toujours pas plus intéressée par le huis-clos: les corps exultent en public et n'ont que faire d'un lieu privé. La pudeur naît plutôt de l'entre-soi. Les plaisirs se partagent entre gens bien nés et les domestiques sont priés d'abandonner la place sans se rincer l'oeil.
Il faudra attendre le triomphe de la bourgeoisie pour que les visiteurs s'arrêtent au salon et que la chambre devienne privée. Surtout celle de l'homme, d'ailleurs, qui peut toujours arguer qu'il en use comme d'un cabinet de travail, alors que celle de madame devient conjugale quand elle ne se transforme pas en nurserie.
Bref, la bourgeoise a au moins cela en commun avec Louis XIV : elle non plus n'a pas de chambre à soi.
Ce livre d'à peine 150 pages se lit d'une traite, et, moins austère qu'une recherche universitaire, moins rigolo que Les Histoires d'amour de l'Histoire de France, il a le défaut de ses agréments. La thèse est mince, aussi Claire Ollagnier l'a-t-elle agrémentée de récits d'une journée particulière du duc de Chartres ou d'Amélie Vitet qui transforment parfois son étude en roman historique cheap.
Mais ce n'est qu'un défaut mineur. On la lit bien et on ne va pas la chambrer pour ça.
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