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Critique de Aifelle


Voilà un roman qui confirme ce que je savais déjà. Les meilleures découvertes de la rentrée ne sont pas celles dont on parle forcément le plus. J'ai été embarquée par cette lecture qui a un sacré potentiel sur le fond, à la fois sérieux et drôle sur la forme.

Deux octogénaires habitent le même quartier résidentiel au Cap, elles ont toutes deux réussi dans leur branche, le design pour Hortensia, l'architecture pour Marion. D'emblée, nous savons que Marion jalouse Hortensia, estimant que sa maison lui revenait de droit, l'ayant conçue elle-même. Seulement, elle l'a laissée échapper. Elles se regardent donc en chien de faïence depuis des années.

Par ailleurs, Marion est blanche, raciste sans même s'en rendre compte. Hortensia est noire, mariée à Peter qui est blanc. La fin de l'apartheid n'a bien sûr pas éteint les contentieux et Hortensia ne perd pas une occasion d'affronter Marion et de lui clouer le bec.

Au delà des conflits entre les deux femmes, c'est toute la problématique de l'apartheid et de ses suites qui est dessinée. Les deux femmes n'ont rien d'aimable, ce sont de fortes personnalités. Hortensia est particulièrement vindicative et acariâtre, toujours la méchanceté à la bouche, indifférente aux autres, y compris à l'égard de son mari qui est en train de mourir.

Marion contient mieux ses petitesses sous un vernis de bonne éducation, sans toutefois donner parfaitement le change. L'histoire commence au moment où les deux femmes sont dans une situation identique, sans le savoir. Leurs maris, après leur décès, les ont mises dans le pétrin. Marion, qui se croyait riche, est en fait ruinée. Quant à Hortensia, elle n'héritera qu'à une condition exigée par Peter et qu'elle n'entend pas respecter.

Le tour de force de l'auteure est de nous faire pénétrer progressivement dans le passé de l'une et l'autre, jusqu'à nous faire saisir ce qui a pu les amener à tant d'aigreur et de nous faire passer de la détestation à la compréhension.

De plus, la maison de Marion se retrouve en partie détruite par un accident, ce qui amène Hortensia à l'héberger chez elle momentanément. La cohabitation est difficile évidemment, Hortensia ne lâchant pas sa hargne habituelle, mais peu à peu, elles feront de petits pas l'une vers l'autre. Plongées alternativement dans les pensées des deux femmes, nous mesurons leur cheminement intérieur et leurs blessures profondes. Elles sont aussi sévères envers elles-même qu'envers les autres.

C'est une lecture riche, politiquement, socialement, psychologiquement, humainement, écrite dans un style vif et direct qui touche.
Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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