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Critique de Bruno_Cm


Si vous pensiez que l'être humain est un être complexe et compliqué, un animal complexe et compliqué, ce livre vous le confirmera et même en rajoutera sa couche. Eclatement du cristal, facéties du joyau, fractales et abîmes, tenter de comprendre ce travail d'orfèvre est une gageure, définitive. le propre de l'homme, c 'est-il pas l'impossible ?

Ce livre est en effet assez interpellant. Il se veut premièrement une re-simplification ou re-formulation assez définitive (au sens de définition) de la dissociation structurelle. J'ai envie de dire : ni gagné d'avance, ni réussi au bout du compte. Tout reste compliqué à l'excès.

Quelque part c'est le propre de ce genre de livre scientifique, qui s'adresse avant tout aux professionnels, de tenter cela. Moyennement convaincu.

Le livre a les forces de ses faiblesses et les faiblesses de ses forces.

Les défauts sont pour moi le trop plein de répétitions, qui sont en fait plutôt des variations sur le même thème, mais que je n'aime plus supporter. D'aucuns seront ravis au contraire, car la matière est tellement ardue et dense que les répétitions aident à la maîtrise (comme dans n'importe quel apprentissage).

Le livre manque encore un peu de descriptions et exemples cliniques. On ne visualise ou imagine pas nécessairement si bien que ça de quels patients on parle. Or, pour accrocher et convaincre, quoi de mieux...

Le vrai manque, le vrai problème du livre est à mes yeux qu'en tentant une nouvelle définition des choses, leurs auteurs semblent presque nous dire à tous : vous étiez dans l'erreur depuis tant d'années, vous avez fait n'importe quoi, au mieux du flou au pire... Et ils ajoutent ensuite : voilà ce que sont vraiment les gens. Oui, mais quels gens ?? Qui est réellement TDI (Trouble Dissociatif de l'Identité), DDNOS (Trouble dissociatif Non spécifié)... ça à la limite, passe encore. Mais pour les autres variantes, on a tous l'impression de s'y retrouver, partiellement, par moments, on a tous l'impression d'avoir rencontré des gens qui sont partiellement, par moments un peu autre, qu'ils expriment autre chose autrement d'eux-mêmes, mais quand peut-on parler d'identité autre, de personnalité autre, de Personnalité Emotionnelle... Ca reste non-évident...

Et, quelque part, ça ne change pas grand chose à l'affaire de sortir une définition ultime... Car il n'y en a pas, nous ne sommes jamais que dans la métaphore, qui porte peu ou prou.

Du même coup le traitement proposé est incroyablement compliqué, j'ai envie de dire impossible, à suivre selon les lignes proposées. Un travail en trois phases, qui peuvent plus ou moins se recouvrir... Un travail qui demande un temps in-fini, des qualités thérapeutiques extraordinaires, qui peuvent hélas, grand défaut, paralyser pas mal de thérapeutes un peu en manque de confiance. Ce livre donne plus de défiance qu'il n'apporte de confiance. (En même temps, ça évacuera pas mal de parasites ou de mauvais travailleurs.) Est-ce vain (ou vaniteux) d'oser s'attaquer à de telles problématiques ? le choc de la prétention et du prétentieux. Oui sans doute mais non, osons, Joséphine !

Par contre le très grand intérêt du livre est qu'il nous pousse un peu à réfléchir un peu plus à ces différences internes et parfois réellement impressionnantes que l'on peut rencontrer chez les individus, et nous propose de ne pas nous en effrayer et de les accueillir, de ne plus juger ou moins juger des comportements totalement inexplicables d'une personne, comme si elle n'avait pas entendu, compris, comme si elle se fichait de nous... Bienveillance ultime au lieu de définition ultime, voilà bien ce que je retiens de ce livre. Les explications des différents phobies spécifiques ou spécifiquement développées chez les « survivants » (mais ceci dit de nouveau qui est « survivant »?!) sont absolument passionnantes et très éclairantes. Etre éclairé est le meilleur adjuvant de la bienveillance.
Le livre donne aussi de l'espoir, puisqu'en redéfinissant et revisitant certaines des étiquettes habituellement considérées comme peu curables ou incurables, il redonne sa chance à la thérapie (et au thérapeute, et au patient).

Pour le reste, je vous laisse vous amuser dans les complexités théoriques de la dissociation et des troubles apparentés, je vous laisse voyager, vagabonder, dans les phases de traitements impossibles à appliquer car de une tous les cas sont différents (les auteurs l'accordent) et donc le traitement s'adapte et, surtout, qui dispose du cadre physique et temporel pour appliquer, concrétiser un tel dispositif de traitement ?

Plus on apprend sur l'être humain, ce en quoi participe cet ouvrage, plus on a l'impression d'une totalité contenue, d'une telle potentialité, que ça donne envie de détourner ainsi une idée bien connue : qui soigne un homme, soigne l'humanité entière. Imaginons alors, rêvons alors : « si » « on » « pouvait » « guérir » « un » « homme »...

J'ajoute et termine en insistant sur le fait que les auteurs sont conscients de leurs atouts et faiblesses, ils sont conscients qu'ils manquent encore de validation scientifique, ils ne présentent pas de thèse mais des hypothèses (même si ils sont plus que convaincus) et ouvrent leurs portes aux collaborations, aux ajouts, commentaires qu'on pourrait leur apporter. En ce sens, ce livre est un vrai livre scientifique, qui peut avoir de la prétention sans être prétentieux. Ca c'est réussi, et ça j'aime beaucoup.
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