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Critique de sandrine57


Hirô Onada a vingt ans quand il est appelé sous les drapeaux dans sa ville de Wakayama. Jusque là il était représentant pour une société d'import-export et, installé en Chine, il vivait une vie potache, fréquentant les dancings de la concession française, dépensant sans compter, flirtant avec les femmes chinoises. Cela ne l'empêche pas de prendre sa formation militaire très au sérieux et d'intégrer, en 1944, l'école de Nakano où sont formés les officiers commandos de l'armée japonaise. Quand il est envoyé aux Philippines, son supérieur, le major Yoshimi Taniguchi lui ordonne d'appliquer les techniques de guérilla sur l'île de Lubang. Il s'agit pour lui de retarder le débarquement de l'ennemi américain par tous les moyens et de tenir les positions japonaises jusqu'à l'arrivée des renforts. Mais si Onada débarque plein d'entrain et de détermination, il déchante très vite face à des troupes japonaises à bout de souffle et peu enclines à coopérer. Malgré le manque de coopération de ses camarades, le jeune soldat ne dévie pas de sa route et met tout en oeuvre pour accomplir sa mission secrète.
9 mars 1974, Hirô Onoda dépose les armes devant le major Taniguchi. Sa guérilla aura duré vingt- neuf ans.

Etrange témoignage que celui de ce japonais jusqu'au boutiste dont on ne sait s'il faut en rire ou en pleurer. Durant presque trente ans, il a mené sa guerre, harcelant les paysans philippins, caché dans la jungle, d'abord accompagné de trois de ses camarades, puis seul les dernières années. Allaité aux mamelles du nationalisme et du militarisme, formé dans une des écoles les plus dures du pays, incapable d'imaginer l'armée impériale rendant les armes, il a continué son combat solitaire malgré les preuves évidentes de la fin de la guerre. Rien n'y a fait, ni les tracts, ni les appels ou les lettres de ses proches, ni les campagnes de recherches menées pour le débusquer. Même les journaux ou les émissions de radio sont perçus comme des ruses pour le tromper. Pour lui, le Japon est invincible, ses soldats prêts à combattre jusqu'à la mort. Vingt-neuf ans de folie, d'aveuglement, d'auto-persuasion et de survie.
Ce texte, écrit peu après son retour au Japon, raconte avec lucidité et recul ces années perdues au nom du dévouement, de l'obéissance, du patriotisme. Un récit à la fois fascinant et glaçant.

Un grand merci à Babelio et à La Manufacture de Livres pour cette découverte.
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