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Critique de karmax211


MOI : J'ai toujours reconnu que j'étais né avec une cuillère d'or dans la bouche.
SUR-MOI : Une cuillère ! Toute une batterie de cuisine, oui ! Châteaux. Fortune. Hérédité. Mariages. Études. Carrière.
Cet "échange" entre Jean d'Ormesson - le Moi -, qui met en scène son procès, et son juge-accusateur, qu'il qualifie souvent de "Sur-Moi", donne le ton de ce livre ... de souvenirs et de confessions, qu'il s'est refusé à écrire sous forme de mémoires, mais sous celle pleine de vie, de vitalité et d'esprit d'une pièce de théâtre... genre qu'il affectionne... on se souvient de - La conversation - qui fut une pièce à succès de l'auteur.
La fin de l'ouvrage bouclera la boucle de cette pièce de théâtre existentielle avec quelques lignes sur ce thème, à mes yeux les meilleures... " Ce que je crois, cher et illustre maître, misérable vieillard - et c'est pour cette raison que je ne crois pas à grand-chose -, c'est que l'histoire de l'univers, de la vie et des hommes n'est pas seulement une aventure, un roman, une épopée, un opéra, mais une sorte d'immense théâtre qui était vide avant nous et dont nous sommes les acteurs. Nous montons sur les planches en naissant. Nous sortons de scène en mourant. Entre la naissance et la mort, nous débitons notre texte. Nous avons le droit d'improviser, bien sûr. Nous pouvons le retoucher. Mais dans des limites très étroites."
Cette pièce de théâtre qu'est la vie de "l'écrivain du bonheur" est truffée d'humour, de bons mots, de légèreté, d'élégance... toutes choses que D Ormesson utilise avec un art consommé... parfois un peu trop, car le foisonnement d'anecdotes - qui est une des marques "dormessonienne", donne lieu à des redites de redites... mais comme il le disait lui-même : "je fais du d'Ormesson..."
Cet "héritier anarchiste de droite", comme il se qualifiait, nous charme - une autre de ses marques -, et nous agace à la fois - encore une autre ! "
Nous charme parce que l'univers qui fut le théâtre de sa vie ressemble à un rêve dans lequel on ne croise que "des rôles magnifiques et des grands acteurs."... une vraie pléiade !
Nous agace parce que nous ne sommes que "le public, lui-même composé d'acteurs... mais qui n'ont qu'un rôle "d'utilités".
Drôle, pétillant, léger comme des bulles de champagne, le propos n'en demeure pas moins "sérieux" pour autant.
La "singularité" de ce livre, qui n'est pas le meilleur de "ce commun des Immortels" tient dans ce que j'appellerai les "révélations". Il me semble que D Ormesson a joué la carte de la sincérité et a levé le voile - un voile pudique - sur quelques pans de sa vie. Certes le mondain reste le mondain et continue de s'afficher, mais derrière "le gandin des lettres", derrière "l'icône, la marque" comme il se présentait à la fin de sa vie, le sourire charmeur et le regard bleu malicieux, il y a l'homme et cet homme est définitivement attachant. Il y a l'intellectuel, l'érudit à la mémoire exceptionnelle, et il y a l'écrivain... et ce grand petit homme savait sacrément bien manier la plume.
J'ai aimé (il aurait apprécié ces mots) ce livre !
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