AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de fanfanouche24


Ouvrage emprunté à ma médiathèque- août 2023

Tout premier texte que je lis de cette importance auteure italienne...Écrit qui, toutefois, doit être différent de sa " production habituelle"
Il est utile d'ajouter quelques précisions pour ce récit.

Maria Ortese, en 1954 est invitée en Russie avec une délégation de femmes italiennes communistes, de tous milieux sociaux.Cette délégation rejoint Moscou, en avion, alors que "notre" auteure , ayant peur de l'avion, fait ce long trajet , seule, en train...

Dès le départ, elle se met à part ; arrivée à destination, elle se sentira très mal à l'aise avec ses compatriotes...

Le récit se construit à travers six textes, qui se répartissent eux-mêmes en deux parts: celles du " voyage en train" avec ses difficultés, ses premières rencontres et premiers contacts avec le peuple russe...et la seconde, le séjour même à Moscou, et dans le pays....

Même si ce texte est de qualité certaine, j'ai eu un certain mal à " l'intégrer"....à " accrocher" !?

On sent la narratrice-auteure, toujours dans un sentiment de malaise, se sentant décalée par rapport à tout, alors que le groupe- délégation de ses compatriotes s'adapte facilement, en fait même trop à son goût...

Ce séjour de commande...se passe largement dans les visites officielles: visite d'une usine, d'une école ( soi-disante modèle ; ce qu'elle ne trouve pas), visite d'un cirque, participation à un meeting puis à une grande fête nationale...

Même si Maria Ortese ne se laisse guère impressionnée ni convaincre par le " paradis russe communiste " en construction, elle se prend d' affection et d'empathie pour certaines jeunes et moins jeunes femmes russes, qu'elle trouve courageuses et rayonnantes de gentillesse...

Ce qui m'a touchée et intéressée c'est son honnêteté à reconnaître qu'elle ne parvient pas à comprendre ni à saisir l'esprit et l'utopie du peuple russe...

Des moments précieux échangés avec des femmes qu'elle trouve aussi accueillantes qu'émouvantes, attachantes...très dignes dans des quotidiens difficiles...
J'achève ce billet par un de mes extraits préférés

"Mille jeunes filles dansent au Kremlin

"Elle est longue, l'histoire russe, dis-je.
-Longue et obscure, répondit Alexandra.
-Vous avez eu beaucoup de victimes.
-De toute sorte. de la faim, de la tristesse, du sommeil. Il n'y avait que la neige, alors, et sur la neige l'image du Christ.
-Vous détestez le Christ, à présent ?
-Ce n'est pas ça, dit alexandra. Nous cherchons seulement à être meilleurs : plus actifs, plus honnêtes, plus rigoureux, heureux aussi; nous cherchons à ressusciter une image , qui était détruite. Notre image de femmes, d'hommes. ce n'est pas facile. Mais nous n'avons pas d'autre devoir que celui-là; vous aussi en occident, je suppose.
-Oui ", dis-je. et il me sembla qu'il aurait dû en être ainsi, même si je savais que chez nous cette conception était absolument impossible.
Inquiète, je voulus me lever. tandis que je causais avec Alexandra, mon regard était toujours là-bas, sur ce jeune peuple qui se mouvait avec la grâce indicible des colombes. Il y avait une profonde barrière entre ces jeunes filles et moi, un mur invisible entre ces jeunes existences et la mienne, entre cette image merveilleuse et notre Occident; pourtant il me semblait savoir qu'il devait y avoir un moyen pour ouvrir un soupirail sur ce monde, pour le comprendre, entendre ses raisons. Pour savoir si, finalement, il ressemblait à notre monde."

Commenter  J’apprécie          310



Ont apprécié cette critique (31)voir plus




{* *}