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Critique de Myriam3


Première lecture de l'année, premier coup de coeur!
Clément et Noémie ont tous les deux fait Sciences Po à Paris, se sont perdus de vue, et se sont retrouvés une dizaine d'années plus tard, l'un installé dans une ferme "collective radicalement décroissante" dans le Béarn, l'autre s'étant reconvertie comme éleveuse de porc dans le Gers, à deux pas de là.
Ensemble, ils vont écrire ce livre sur le virage pris par Noémie et cette passion qui l'a gagnée.
Les premiers mots de Clément m'ont un peu effrayée: je me disais "ce côté néorural hypster risque de m'agacer". En réalité, lui-même se remet en question au fur et à mesure qu'il vient observer le travail de Noémie. Mais les parties les plus intéressantes, selon moi, sont les extraits de journaux tenus par Noémie au cours des années, où l'on apprend d'abord les raisons de sa reconversion (dont une électrosensibilité qui l'a sérieusement handicapée mais aussi une passion naissante pour la campagne et les cochons).
Depuis 2019, Noémie s'est donc lancée, peu à peu, se formant, tâtonnant, demandant auprès de ses voisins plus expérimentés des conseils, et surtout en se faisant confiance. On ne peut qu'admirer son courage, car elle gère seule tous les aspects du métier: choisir ses bêtes, les nourrir, les soigner, les castrer, les aider à mettre bas, mais aussi les tuer, les découper, préparer les morceaux, et les vendre sur le marché deux fois par semaine. Très vite, elle s'intègre, sympathise avec les éleveurs du coin et les clients du marché d'Auch qui sont de plus en plus nombreux à la soutenir.
Mais Noémie, aussi se questionne: comment être la plus respectueuse possible de l'animal, de l'environnement et de ses idéaux? Pas facile face aux lobbies agroalimentaire...
Pour ma part, j'étais curieuse, comme Clément, de savoir pourquoi elle se lançait dans l'élevage de porcs dans une société de plus en plus sensible à la cause animale et à l'empreinte carbone. Et puis les porcs, personnellement, représentent vraiment l'espèce animale qui me révulse, un sentiment né de ma petite enfance à la campagne et de légendes de cannibalisme. Noémie, par ses descriptions et son affection, est presque parvenue à me les rendre adorables, ce qui n'était pas une mince affaire.
Face aux critiques, dont celles de Clément sur la consommation importante en céréales, eau, électricité etc que cet élevage représente, Noémie a les mots. Des mots de colère, de révolte face aux élevages industriels tellement plus ravageurs, des mots très justes où elle remet à leur juste place la passion, le lourd travail, le peu de gain, et la réflexion des petits éleveurs comme elle qui refusent une alimentation industrielle dénaturée.
J'ai été épatée du début à la fin par les luttes autant physiques, financières que morales de Noémie, et sa rapide intégration dans le milieu paysan qu'elle défend comme si elle en avait toujours fait partie.
Le livre est aussi très bien documenté et on apprend notamment que si nous, citoyens, réduisions d'un quart notre consommation de viande, d'oeufs et de produits laitiers, la surface agricole relocalisée en France et passée en bio suffirait à nous nourrir, ce qui n'est absolument pas possible aujourd'hui.
Ce matin en allant au marché, j'ai regardé les stands locaux d'un oeil différent, renforcée dans l'idée qu'il est vital de soutenir nos paysans.
Et qui sait, peut-être passerai-je un jour au marché d'Auch ou de Samatan et la rencontrerai-je.
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