AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de melina1965


Un témoignage bouleversant.

Antonio Pagnotta, photoreporter, a bravé les interdictions et les radiations nucléaires pour rencontrer le seul homme resté dans la zone interdite de vingt kilomètres autour des centrales nucléaires de Fukushima après la catastrophe qui a fait suite au tremblement de terre et au tsunami le 11 mars 2011 : Naoto Matsumura.


Naoto Matsumura, la cinquantaine, qui partageait son temps entre son emploi dans les travaux publics et la ferme de sa famille, a refusé, en toute conscience de quitter la zone hautement contaminée de Fukushima. Plutôt que de subir une vie déracinée, d'un centre d'hébergement provisoire à un autre, plutôt que de supporter le regard discriminatoire de ceux qui ont eu la chance de ne pas être contaminés, il a choisi de retourner vivre à Tomioka, à quelques kilomètres des centrales nucléaires de Fukushima Daiichi et Daini.

Il vit désormais seul dans sa ferme, sans eau et sans électricité. Pour se nourrir, il consomme parfois des produits locaux mais depuis quelques mois, il privilégie les colis que des Japonais lui envoient.
Descendant d'un moine shinto, il s'est donné pour mission de venir en aide aux animaux domestiques, abandonnés lors de l'évacuation ou menacés d'abattage par les autorités, et de faire revivre sa terre natale en la décontaminant afin qu'elle soit un jour à nouveau habitable.


Dans ce livre très documenté, l'auteur nous raconte l'aventure de Naoto Matsumura et les trois séjours qu'il a effectués, entre juin 2011 et novembre 2012, dans la zone interdite. Il y révèle des informations très précieuses concernant la catastrophe et ses suites : l'omnipotence de TEPCO qui « Nonobstant un empire industriel et de milliards de yens de bénéfices ces quarante dernières années, […] obéissait à la première et unique règle du capitalisme sauvage : les bénéfices sont privés, mais les pertes doivent être assumées par la collectivité. », les fausses mesures du METI -Ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie japonais-, la distribution d'iode retardée, le trafic de voitures contaminées, les policiers et les employés de TEPCO sacrifiés parce qu'ils travaillent dans la zone hautement contaminée,…
Il montre aussi comment l'attitude des uns et des autres est liée à différents aspects de la tradition ancestrale japonaise et nous permet de mieux comprendre les liens particuliers entre les différents pouvoirs de la société japonaise.


Une lecture qui provoque à la fois l'effroi par rapport aux conséquences d'une catastrophe nucléaire et à la désinformation dont sont victimes les populations et l'admiration face au courage de ce fermier qui « Dans un acte insensé de résistance, motivé par une légitime colère, [...] a choisi les radiations plutôt que la soumission. » et à celui d'un journaliste qui a pris des risques pour porter son témoignage aux yeux du monde.


Pour retrouver les photos de Naoto Matsumura et des environs Fukushima par Antonio Pagnotta publiées sur le site de Mediapart...
Lien : http://www.mediapart.fr/port..
Commenter  J’apprécie          61



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}