Yojo

Yojo Belo est un artiste peintre torturé qui se nourrit autant qu'il se détruit par l'alcool. Bien qu'il puisse vivre de son art, il dilapide tout au Medved et boit jusqu' à plus soif. Sa vie est misérable et il est méprisé par tous. Sa femme le bat et ce monde le vomit. Il n'y a pas de place pour les fantasques incompris comme lui. Son génie invisible par la populace ne l'extrait pas de la masse. L'éthanol est sa béquille et le maintient à flot. Yojo est prisonnier de ce paradoxe. Sans il n'arrive à rien mais en n'en ingurgitant plus que de raison, il transcende son art. L'alcool désinhibe et délie même la langue de ce mutique. Pour une insulte au Parti, Yojo va devoir passer par la case prison. Malheureusement pour lui, on n'est pas dans un jeu. L'art pour lequel il est reconnu est la peinture de la nature. Les arbres sous ses coups de pinceaux deviennent des êtres vivants mystérieux et inquiétants. le temps de son incarcération au mitard, il va vivre un enfer…
À travers ce conte, Richard nous montre que la singularité est un danger dans une société trop normée. Yojo avance avec une cible dans le dos et son addiction creuse sa tombe. On ne retient que la surface, l'humus de son être. le génie de son art est reconnu mais le génie de l'homme est bafoué. L'injustice ponctue la totalité de ce récit. On a la nausée et compatit au calvaire de Yojo. Derrière, une apparente légèreté et un humour piquant se cache une critique féroce de l'Homme. N'est pas corrompu celui que l'on croit. Une chose est sûre, Yojo est un génie doublé d'un rêveur qui va se noyer dans son art. Victime de la norme, victime de son génie, victime de l'injustice, « Yojo » est profondément triste. Mais la tristesse n'empêche pas la beauté, la poésie et l'espoir. Yojo a raison, la société tort.
Une pincée de Burton, un soupçon de Midnight Express et du Pianiste, assaisonnez le tout à la sauce Palachak et vous obtiendrez Yojo le maudit.