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Critique de ged7fr


ged7fr
29 septembre 2022
Rarement un livre à été aussi éclairant sur la nature de notre économie et de ses méfaits (en partie malgré elle) sur notre planète, notre société et nos vies. Oui, la croissance nous a permis de nous sortir d'une certaine précarité pré industrielle, mais dès qu'elle a atteint son optimum toutes poursuite ne pouvait ne plus être que délétère. Comme disait Paracelse : tout est poison, rien n'est poison, c'est une question de dose. de fait, la poursuite effrénée de la croissance est contre-productive : elle dégrade les écosystèmes, elle augmente les inégalités et nous nuit personnellement.


L'auteur fait bien de pointer une caractéristique très importante : le problème c'est avant tout la croissance, « l'illimitisme dans un monde limité », avant le capitalisme. Entendons nous bien le capitalisme est consubstantiel à la croissance : vouloir la fin de l'un, c'est vouloir la fin de l'autre. Mais il existe aussi des modes de croissance sans capitalisme. A titre d'exemple, bien que T. Parrique ne l'évoque pas (donc ce qui suit est de mon interprétation), la « croissance » matérialiste soviétique a mené à sa perte en polluant son environnement, quitte à faire disparaître une mer tout entière, et à plonger sa population dans la pénurie puis dans la misère lors de l'effondrement de l'empire. Et sans aucun doute, le trans humanisme fait aussi partie de cette idéologie (ce point est par contre bien évoqué dans le livre).


Revenons à notre société moderne. La première partie du livre fait une deconstruction très éclairante de la notion de PIB (l'indicateur autour duquel toute politique de croissance s'inscrit). On va jusqu'à apprendre que son inventeur en était très critique, Car l'outil créé pour sortir les USA de la grande dépression et l'aider à planifier son économie de guerre, donc dans un but et contexte bien particulier, a été dévoyé comme le thermomètre universel le de l'économie.


L'examen de ses effets délétères amène à rendre nécessaire la recherche d'une économie stationnaire, à termes, et au préalable à une décroissance. Pour la France une réduction de 44% de son PIB, ne changerait rien à la prospérité optimale de ses habitants à condition de mieux répartir les richesses. La seconde partie expose d'abord l'histoire de ses notions et de ses penseurs, puis en expose les différentes phases et moyens d'y parvenir dans notre société actuelle.


Dans la définition de la post croissance, de cette économie stationnaire, on peut distinguer deux parties dans le contrat social qui est proposé. Un préambule nécessaire, car sinon il signerait notre mort en tant que société, vivre dans les limites planétaires : pas seulement celui du climat, mais des 9 limites identifiées. La seconde est sociale, une société de partage, inclusive et permettant d'apporter une vie satisfaisante : dont la fin est « l'être » et « l'avoir », frugale, le moyen.


La description de ce contrat social semble à la lecture une nouvelle utopie. Beaucoup y souscrirait mais serait convaincu de son inaccessibilité. Après tout, n'avons nous pas l'impression que 50 à 100 ans de matraquages culturels individualiste et matérialiste rendrait une bascule aussi radicale impossible. J'en étais arrivé à ce point de desespoir, jusqu'à la lecture du dernier chapitre et de sa conclusion. La révolution culturelle est déjà en cours, elle est dans les esprits.

Il n'est pas anodin que toutes les oppositions politiques et médiatiques à ce basculement font de moins en moins appel à des arguments et à la raisons, et de plus en plus à la caricature voire à l'insulte. le pouvoir symbolique et rhétorique des ses opposants est encore grand. Mais les limites sont désormais tangibles. La peur se déplace. Elle est de moins en moins dans la peur de se faire déposséder et de plus en plus dans la vision d'une finitude de plus en plus proche, d'une violence de plus en plus grande.

Quitte à nous renier, voire à mourrir, donnons nous une chance à choisir notre transformation.
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