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Critique de absolu


Opération Masse Critique :
"- À peine soixante-dix ans, c'est pas bien vieux quand même pour partir...
- tu m'diras, la vie ne l'a pas épargné...
- Et cette laideur, faut bien reconnaître que...
- Oui, sûrement pas facile tous les jours...
- Et pourtant, pas du genre à pleurer sur son sort...
- C'est le moins qu'on puisse dire...
- Grand chrétien...
- Un exemple, j'vous dis !"

Paul-Armand a un double nom, un double prénom, il oscille de l'un à l'autre, selon l'heure de la journée, selon l'humeur, selon l'interlocuteur, ballotté de trait d'union en particule, soumis à une double vie, à tromper les gens, autour de lui, à se tromper lui-même. Coups (doubles) d'un soir, être divisé, père, ou pas, beau-père, douleur entière, il titube entre ivresse et sobriété, entre Versailles et Valenseulles, entre une femme qui ne l'aime plus et l'autre qui tient à son disparu, toujours dans une demi-vie, ou une autre, jamais la sienne.

Mise en abyme, écho du chapitre à venir/de la vie passée dans celui en cours, dans celle à venir. L'histoire passée se répète à l'avance. On avance dans sa vie en remontant le temps.
Il a voulu changer les choses, changer de visage, changer de nom, sans savoir comment, au final. Il voulait partir, sans savoir d'où il venait. Il voulait refaire le monde, alors qu'il ne connaissait rien du sien, il voulait donner un nouveau souffle à la France, alors que la sienne l'en avait privée, lui donner une nouvelle identité, alors qu'il n'était pas sûr d'en avoir jamais eu une bien à lui. Il a connu le pire, il a fait au mieux, du moins avec ce qu'il avait et surtout ce qu'on ne lui avait jamais donné.

Porté par le "sirocco insurrectionnel de 62, le vent de révolte de 68, le souffle nouveau de 81", il échoue entre deux plages, il tente d'accoster près du "château de sable d'une famille fragilement recomposée", dont la reine, rose des sables éternelle, "sans passion peut-être, mais avec droiture, se donnera tout entière à lui, tout entière consacrée à le restaurer, alors qu'il était à nu, griffé, éraflé, cogné".

C'est un enfant à la recherche d'un nom perdu, qui en trouvera plusieurs, un enfant bercé par "trois sales fées" : embrouille mensonge perfidie, un enfant à qui l'on a raconté des histoires de "fantômes invivables, de morts encombrants", pour l'endormir et qu'il transmettra, malgré lui, à sa fille : "comme lui, elle ne saurait jamais vraiment".

C'est un peu l'histoire "d'un chien errant avec une gueule de bâtard"  dans un jeu de « qui » embourgeoisé
Mais la laideur la plus atroce n'est pas forcément celle qui se voit.

Je dirais, comme les autres lecteurs/trices du livre, que la plume est habile mais l'encre n'est pas indélébile : les contours de l'histoire s'estompent à vive allure et disparaîtront à ma prochaine lecture

Lien : http://www.listesratures.fr/
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