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Critique de philonnet


Portugal
Pedrosa
Le propos de l'auteur est d'associer la recherche qu'un homme peut faire de ses racines à la reconquête qu'un auteur fait de sa créativité. C'est tout l'intérêt de cette aventure intérieure dont on suit le cheminement complexe à la fois dans le discours (les dialogues entre les personnages) et le dessin. L'ensemble se présente non sous la forme d'une bande dessinée finie, léchée, cohérente, mais sous celle d'un carnet de croquis inachevé, qui nous permet de suivre les pérégrinations du personnage dans sa conquête de son identité.
Je dis personnage, car il ne s'agit pas d'une autobiographie, ou du moins nous ne le saurons jamais. le dessin permet d'introduire une distance entre l'auteur et son personnage, Simon : celui-ci ne raconte pas sa vie, il est mis en scène comme acteur d'une histoire vue de trois point de vue :
- le sien propre, dans ses souvenirs d'enfance et ses états d'âme de jeune adulte en perte de vitesse, au tournant de la trentaine.
- le point de vue de son père, au moment où la famille se reconstitue à l'occasion d'un mariage, et qui donne l'occasion à la génération de son père et de ses oncles et tantes d'exprimer un non-dit qui pèse sur sa propre existence
- le point de vue « réinvesti » de son grand-père, le migrant du Portugal venu faire fortune en France, et dont le souvenir avait disparu, comme ses cendres, dans les bouleversements de la société française. D'où la rencontre du personnage Simon avec une histoire, des valeurs, un pays qu'il va réinvestir, et dont témoigne le récit et le dessin.

L'évolution des procédés graphiques utilisés, va rendre compte de cette aventure intérieure et de réappropriation de soi. Cela commence dans un style très enfantin traité par une succession de camaïeux ; puis une partie centrale au dessin plus précis et où la couleur exprime les atmosphères intérieures traversées par les personnages ; enfin le discours et le dessin semblent s'effilocher et s'achèvent dans l'informel, le ressentit d'un homme à travers ses carnets de croquis livrés à l'état brut.
Comment aller du « je suis perdu » initial, à un « je suis Simon Mucha, c'est tout ».

Michel le Guen
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