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Critique de Cancie


Nicolas Pegon a choisi comme titre de sa BD, celui d'une chanson du King, Elvis Presley, à savoir Hound Dog de 1956. D'ailleurs l'album s'ouvre sur les paroles du magnifique refrain :
You ain't nothin' but a hound dog
Cryin' all the time
Well, you ain't never caught a rabbit
And you ain't no friend of mine
avec sa traduction :
T'es rien qu'un chien de chasse
Toujours à chialer
T'as jamais chopé de lapin
Et t'es pas mon pote.
Ce polar social va ainsi se dérouler avec l'apparition récurrente d'Elvis devenu pour le coup un dieu pour Alex, l'un des deux compères, ce dernier le voyant apparaître dans ses rêves et de belles planches lui sont consacrées. Une sorte de fil rouge qui se termine avec une question d'Elvis…
Si les premières pages paraissent n'avoir aucun lien entre elles, certains des éléments vont ensuite réapparaître au fil de la BD.
Tout démarre vraiment avec le réveil de César, un matin, avec auprès de son lit un chien venu de nulle part, un chien quelconque, pataud, pour qui il aura cette réflexion « Dire que ce truc descend du loup… ». Ce chômeur hypocondriaque vit en colocation avec un gars accro aux jeux vidéo qui, bien évidemment ne sait comment le chien est arrivé là, tout occupé qu'il est à cramer tout un village. César n'aura de cesse de retrouver le propriétaire du chien et c'est avec Alex, tout aussi paumé que lui qu'ils partent mener l'enquête dans cette petite ville américaine de Saint-Louis. Ils finissent par le trouver mais il est mort, dans des circonstances non élucidées. Voilà donc nos deux compères, qui jusque-là trompaient leur solitude en se retrouvant parfois autour d'une bière, chacun dans son monde bien à lui, prêts à jouer les détectives.
Accident, meurtre ou suicide ? La découverte de la vérité sera au-delà de toute supposition, mais le prix à payer pour cette résolution s'avère très lourd… trop lourd…
Mais plus que l'intrigue elle-même, c'est l'ambiance, glauque et sombre à souhait, la présence outre nos deux losers, de personnages tout aussi improbables et décalés, à la vie tout aussi terne et sans relief qui caractérisent ce roman graphique, portrait d'une Amérique désenchantée et assez désespérée.
Difficile cependant de ne pas s'attacher à ce personnage de César qu'on devine fragilisé, lorsqu'on le voit errer, pour des douleurs au bras, de généraliste en spécialistes, et vouloir coûte que coûte trouver quelqu'un pour s'occuper du chien, ne voulant en aucun cas l'abandonner. Il va ainsi en dernier recours se rendre à la SPA et l'accueil et les quelques pages consacrées à cette visite sont à la fois absolument hilarantes et effrayantes de vérité. En effet, l'association n'ayant plus de place, la très « sympathique » hôtesse d'accueil finira par conseiller à César « Vous pouvez toujours l'abandonner sur le bord de la route, c'est ce que les gens font en général »…
J'ai beaucoup aimé la maîtrise graphique de Nicolas Pegon dans la représentation des personnages, leurs traits de caractère soulignés par le noir, bien exprimés sur leurs visages. Quant aux couleurs ocre et brun alternant avec les gris et bleu, elles parviennent à merveille à peindre cette Amérique peu réjouissante que l'auteur a voulu rendre perceptible dans Hound Dog.
Je remercie sincèrement Lecteurs.com et les éditions Denoël Graphic pour cette belle découverte !

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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