L'auteure nous raconte la vie d'Astrée. Une jeune femme au destin tout tracé : elle sera chef de la Cité (ou néocité) à la suite de son père. Elle ne tombera pas malade. Elle ne souffrira pas de démence. Elle ne connaîtra jamais l'amour charnel. Elle n'aura pas d'enfant – ou alors un enfant programmé et génétiquement modifié. Surtout, elle n'aura pas d'émotion. Elle n'aura pas de désir. Elle n'éprouvera pas l'amour.
Avant de prendre la tête de la Cité, Astrée s'est donné une mission : infiltrer les Naturels, les capturer pour les rééduquer et, éventuellement nettoyer la Cité de ces déviants.
La redécouverte de ses émotions, des émois du coeur et du corps, transforment la jeune femme. Elle découvre un univers qui lui est inconnu, dans lequel la nature est reine.
Mais je ne vous en raconte pas plus, car je vous invite fortement à aller lire ce livre qui soulève beaucoup de questions à l'heure où le bonheur est devenu une obligation, tout comme la beauté, où la vieillesse effraie, où la peur des maladies influence nos sociétés.
C'est l'histoire d'Astrée, mais pas uniquement. Les personnages secondaires sont très complexes, entre
Virgile, son ami/amant qui se débat avec des émotions qui l'effrayent et sa soeur cadette dont le désir de maternité est plus fort que les lois de la Cité.
C'est un livre qui interroge, qui questionne.
C'est par ailleurs un ouvrage rédigé avec un vrai sens du rebondissement, de l'action. L'auteure n'impose pas son point de vue (ou son poing de vue?), mais laisse ses personnages vivre.
Elle réussit par ailleurs à créer deux univers spécifiques avec leurs lois, leurs codes, leurs us et coutumes inventés de toutes parts et elle jongle avec dextérité entre les deux.
Bref, voici un cocktail savoureux entre le meilleur des mondes et 1984 !