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Critique de Yassleo


Estocade, flanconade, parade de quarte, prime. Bienvenue dans le monde de l'escrime.

Mais attention pas celui des Olympiades et de Laura Flessel où on croise le fer comme une danseuse d'opérette. Non, là on pénètre dans le monde de Don Jaime Astarloa, illustre maître d'armes espagnol du XIXème siècle, pour lequel l'escrime est un art, synonyme d'honneur, de grandeur et de noblesse. Sauf que sous le poids des années, notre brave gentilhomme bien sous tout rapport, bien élevé et propre comme un sou neuf, sent bien que le temps des duels est révolu et que l'art du maniement de l'épée tombe en désuétude... La jeune génération ne voit que par les armes à feu et on parle de jeu et de sport comme avenir de l'escrime. Tout fout le camp quoi.

Nostalgique de cette époque où l'honneur se lavait devant témoins au fil de l'épée, Astarloa aspire aujourd'hui à la tranquillité et poursuit, bon an mal an, l'enseignement de son art, partagé entre colère, dégoût, résignation et mélancolie.
Et comme signe de ces temps qui changent, l'Espagne est en passe de vivre un bouleversement historique: il serait question de renverser la monarchie...
Don Astarloa, emmuré dans ses souvenirs, se moque éperdument de ces troubles politiques, de ces idées révolutionnaires qui agitent le peuple. Jusqu'au jour où il accepte malgré tous ses principes de gentilhomme d'enseigner sa fameuse botte secrète à une jeune femme. Diantre, si même les femmes se mêlent aux affaires d'hommes maintenant..! Mais il réalise vite qu'il n'est qu'un pion dans le jeu de la Milady espagnole qui va le plonger malgré lui au coeur d'intrigues et de conspirations où le meurtre tient bonne place.

Perez Reverte nous immerge avec panache dans cet univers chevaleresque. Son écriture est remarquable car à s'y méprendre avec nos Dumas ou Zévaco. Seul bémol, la mise en route est un poil lente à mon goût. L'action ne débute et ne s'accélère réellement qu'à mi-parcours, toute la première moitié du roman ne servant qu'à présenter les différentes pièces du scénario qui va se jouer.
En situant son intrigue dans cette période trouble de l'histoire de la monarchie espagnole, il démontre brillamment non seulement l'insatisfaction populaire permanente face aux régimes en place et ces éternels débats qui divisent monarchistes et républicains, mais aussi l'inéluctabilité du temps qui passe. Les générations se succèdent, les transmissions de savoir perdurent certes mais le sens des priorités et des valeurs évoluent irrémédiablement. Au sens de l'honneur on préfère l'ambition, on se détourne du devoir pour le batifolage, et finis les duels: les problèmes se règlent désormais à coups de billets bien distribués.

Autres temps, autres moeurs, mais toujours le même cycle: tout a un début, tout à une fin. A moins que ce ne soit l'inverse?

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