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Critique de Arakasi


Après de longues années de purgatoire à tailler les gorges dans les rues de Madrid, le Capitaine Alatriste a enfin l'occasion d'exercer à nouveau son métier de prédilection, celui de soldat. En compagnie de son page Inigo, il a quitté les brûlantes terres espagnoles pour celles plus clémentes des Flandres où révoltés protestants et troupes catholiques se déchirent à belles dents. En vérité, existe-t-il activité plus douce, plus fructueuse que la guerre ? Même le plus pauvre troufion peut espérer y dégotter honneurs, richesses et jolies femmes plus ou moins consentantes ! Mais cette vérité universelle ne s'applique malheureusement pas aux tercios espagnols : non contant de leur interdire viols et sacs de ville sous prétexte de ne pas exaspérer une population déjà à bout de nerfs, leurs généraux ne leur ont pas versé un sou de solde depuis le début de la guerre. Au pied des murs de la ville hollandaise de Bréda, les soldats du tercio de Carthagène grondent leur mécontentement et un parfum de mutinerie commence à flotter dans l'air… Les pieds dans la boue et les mains tachées de sang, le jeune Inigo dévore du regard cette tragédie en devenir et fait son dur apprentissage de l'art militaire, art qu'il découvrira constitué en majeure partie de massacres et de boucheries, où perce parfois l'étincelle éblouissante mais fugitive de la gloire.

C'est mieux, beaucoup mieux ! Après deux premiers tomes joliment écrits mais un peu mous du genou au niveau de l'intrigue, « Les Aventures du Capitaine Alatriste » gagnent enfin en envergure avec ce troisième opus très efficacement mené. Certes, ce n'est pas encore l'orgasme littéraire, mais j'ai pris beaucoup de plaisir à ma lecture et j'avoue même avoir eu la gorge serrée à plusieurs reprises. C'est que je commence à réellement m'y attacher à ce sévère capitaine et à son petit page, si brave et si sensible à la fois ! Les descriptions de la vie dans les tranchées et des affrontements sont très immersives et non dépourvues d'une certaine poésie douce-amère qui était déjà la marque de fabrique des premiers volumes. Nous avons droit en prime à un joli coup de chapeau de la littérature à l'art pictural par le biais d'une belle allusion à « La reddition de Bréda » de Vélasquez où aurait figuré le profil anguleux du Capitaine Alatriste avant d'être effacé par la main capricieuse du peintre. Un bon roman d'aventure et de guerre qui augure bien de la suite.

(Ceci dit, j'ai un gros doute maintenant : il a vraiment existé ou non, notre capitaine Alatriste ? J'étais persuadée qu'il s'agissait d'un personnage de fiction mais la postface de l'éditeur et l'allusion à Vélasquez me font à présent douter… Quelqu'un pourrait-il m'éclairer à ce propos ?)
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