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Critique de Calimero29


Nous sommes dans un commissariat, pendant une semaine, au sein du groupe Violences, chargé d'enquêter sur les agressions sexuelles et les viols. Héloïse, 31 ans, est la seule femme du groupe mise à part Ophélie, qui est en stage pour trois mois, afin de préparer sa thèse en sociologie. Héloïse se sent particulièrement concernée par le cas de Laura, violée et laissée pour morte.
Ce primo-roman est remarquable à bien des égards. Catégorisé polar, il se présente plus comme une sorte d'enquête journalistique que comme un roman. Nous sommes immergés au milieu des policiers, des victimes et des présumés agresseurs. Nous entendons tous les points de vue, sans filtre.
Personne n'est idéalisé, c'est la réalité brute et sordide des agressions sexuelles mais aussi des policiers, pour certains blasés, écoeurés, misogynes, compatissants. L'auteure nous offre une variété de situations violentes pour montrer qu'il n'y a pas qu'un type clairement identifié de viols. D'ailleurs, l'auteure fait poser aux agresseurs par les policiers et indirectement nous fait poser à nous lecteurs/trices la question : "qu'est-ce qu'un viol?" et les réponses prêtent à réflexion. A travers la multitude de ses personnages, elle nous fait prendre conscience qu'il n'y a pas non plus un type de victimes (épouse violée par son mari, étudiante violée par un copain d'université, femme jeune seule dans la rue, femme plus âgée dans un bar...).
Ce roman est également remarquable par sa construction narrative qui est un peu déstabilisante au début mais qui nous happe très vite : un "tu" qui s'adresse à Héloïse, le "je" d'Ophélie qui raconte ce qu'elle découvre avec son oeil extérieur et un "vous" qui s'intercale à intervalles réguliers sans que l'on sache à qui il s'adresse (on ne le découvrira qu'à la fin).
Remarquable par les thèmes abordés, sans sensationnalisme, sans voyeurisme, sans langue de bois, avec franchise : les violences faites aux femmes bien sûr mais également le nombre très élevé de plaintes classées sans suite, la place des femmes dans la police, les réflexions racistes ou misogynes de certains policiers, le manque criant de moyens (fuite dans les WC, ascenseur en panne, des ordinateurs antédiluviens, un logiciel spécifique qui "plante" en permanence).
Remarquable enfin par le style brut, cash, parfois orduriers de tous les acteurs, victimes, agresseurs, policiers et par cette ironie mordante, cette sorte d'humour noir qui irriguent tout le roman; le rythme est tendu, vif comme doit l'être probablement la vie dans un "comico".
L'auteure est sociologue et a rédigé une thèse, en 2017, sur la place du consentement dans les enquêtes policières ce qui explique probablement que ce roman soit d'une vérité criante.
Un primo-roman remarquable, singulier et très maîtrisé, sortant des sentiers battus. Bravo à Océane Pérona que je ne manquerai pas de suivre si elle continue dans cette voie.

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