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19 janvier 2012
Martyne Perrot nous propose, entre étude et glanage (voir le beau film d'Agnès Varda : Les glaneurs et la glaneuse, 2000) un parcours dans un objet familier « Au fils des années, j'ai développé un certain goût pour les petits objets de recherche, ceux qui se tiennent dans les coulisses, loin des scènes exposées au grand jour, à distance des grands thèmes, sans être dans l'ombre ».

Par ailleurs si les courses font partie des tâches les moins inégalitaires, entre femmes et hommes, dans la sphère domestique, les manières de faire, le sens pour les un-e-s et les autres sont rarement étudiés. L'objet de ce livre est donc de « Décrire ce que nous mettons en scène en faisant les courses, et ce que nous révélons aux autres et à nous mêmes du point de vue du genre, de la parenté, de l'économie domestique, du rapport à la nourriture et de l'espace privé/public ».

Trois révolutions dans les pratiques d'approvisionnement jalonnent le siècle passé : la création des magasins populaires dans les années 50 (Monoprix, Prisunic, Uniprix, etc) ; des supermarchés dans les années 60 et enfin le commerce par internet à la fin des années 90.

Suivant les milieux sociaux, les manières de procéder, les façons de faire les courses, sont différentes. Mais ajoute l'auteure « les lieux eux-mêmes assurent une fonction sociale de distinction ». Elle montre aussi que l'uniformisation des usages, dans la grande distribution, n'est qu'apparente, les pratiques, les horaires, les remplissages de Caddie ne sont pas identiques. Les effets de classe et de genre ne s'arrêtent pas à la porte des lieux où « Par la magie du marketing, l'univers de la dépense est devenu celui de l'économie ! »

Le second chapitre est consacré « aux couples en course » L'auteure interroge cette « activité partagée ? » et analyse les différences substantielles de pratiques ou de significations. Ainsi pour les hommes « Leurs courses prennent une visibilité particulière, alors qu'elles se fondent, pour la plupart des femmes, dans un quotidien incolore. Si les hommes en couple font souvent valoir une compétence supplémentaire, celle des femmes est en revanche soumise à évaluation. »

Les effets décrits ne peuvent être arbitrairement séparés d'une analyse approfondie de l'organisation domestique qui reste « non seulement celle des tâches à effectuer, mais aussi celle des ajustements permanents à l'emploi du temps des autres. le temps des mères est le temps qui reste, soustrait à tous les autres. »

Les analyses portent aussi sur les calendriers commerciaux et publicitaires, l'utilisation du surgelé transsaisonnier, les provisions de fête et les listes préludes à une certaine organisation des pratiques.

Cette étude d'une activité ordinaire, essentielle à notre survie, fait ressortir que les actions, les gestes, les pensées qui ne peuvent-être considérés comme anodins. Les divergences sociales peuvent y être décryptées et, est-ce une surprise, les femmes et les hommes n'y jouent ni la même partition ni des mêmes instruments.
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