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Critique de Charliebbtl


A la différence du premier tome et même si Cosimo reste le centre du roman, on suit tout de même, au fil des pages, des personnages aux destins absolument étonnants. Ainsi, on est témoin de cette histoire d'amour exceptionnelle entre Giovanni dalle Bande Nere et Maria Salviati, la petite fille du Magnifique qui ne s'éteindra, finalement, qu'au dernier souffle de la jeune femme soit 17 ans après la mort de son époux. On retrouve également le personnage de Giulio, bâtard de Giuliano le frère du Magnifique, devenu Clément VII et qui, à l'inverse de son père totalement dévoué à son frère, manigancera pour permettre à la branche aînée des Médicis de remettre la main sur Florence au détriment de la branche cadette. C'est à travers son bâtard de fils, Alessandro, qu'il réussira cet exploit qui ne sera finalement que de courte durée puisque tout le monde sait, grâce à Musset, qu'il périra sous les lames de Lorenzaccio et de son compère, Scoronconcolo. Et puis, il y a Cosimo, un personnage difficile à cerner.

Attachant à travers l'amour infini et insondable qu'il vouera à son épouse, Eleonora de Tolède, respectable par son rôle de Mécène (il poursuit ainsi la mission gigantesque que son arrière-grand-père avait initié pour donner à Florence sa puissance), Cosimo n'en reste pas moins un personnage exécrable quand il est question de pouvoir. Rien ne l'arrête. Il manoeuvre à merveille quand il réussit à entourlouper les républicains qui pensaient se jouer de lui en lui accordant un pouvoir « factice ». Il trahit à qui mieux mieux passant du soutien tantôt aux français, tantôt aux espagnols en fonction des opportunités politiques. On pourra lui accorder qu'il le fait pour préserver Florence mais c'est surtout pour sa propre ambition qu'il agit. le comble sera la trahison ultime, sur ses vieux jours, quand il sacrifiera son ami, Pier Carnessechi, sur l'autel de ses aspirations personnelles. Un titre vaut mieux bien la mort d'un homme. Même sa famille subira ses foudres : je vous laisse le privilège de découvrir le sort qu'il réservera à son propre fils, Grazia. Officiellement, celui-ci serait mort de la malaria mais il en est tout autrement dans le roman.

Mais cet homme qui pensait que régner par la crainte était le meilleur moyen d'asservir son peuple avant de se montrer plus magnanime avec lui, découvrira que l'on ne choisit pas son propre destin. J'ai beaucoup aimé cette histoire de malédiction qui semble s'abattre sur Cosimo et sa descendance après la découverte d'une statut étrusque : une chimère, dont Eleonora ne parviendra jamais à le convaincre de se séparer. Et pourtant, les plus superstitieux verront dans cette statue la cause de tous les maux de la famille de Cosimo. de même, Cosimo va comprendre, à l'aube de sa vie, que lorsque le pouvoir devient trop lourd à porter, ne pas avoir suffisamment préparé sa succession peut aussi se retourner comme soi. En effet, ses fils, Francesco et Ferdinando, se voueront une haine éternelle, l'un guidé par son ambition politique l'autre par ses croyances religieuses, mais ils s'entendront au moins un temps sur une chose, une fois leur père trépassé : la manière de se débarrasser de leur belle-mère, Camilla Martelli. Là encore, je vous laisse découvrir qui des deux frères finira par triompher et comment.

Mes chouchous à moi

Dans ce roman d'hommes, ce sont finalement les femmes qui emportent mon adhésion : Eleonora et Maria Salviati, épouses fidèles et dont les conseils ne parviendront pas à sauver leurs amours respectives ; la douce Isabelle de Médicis si attachée à son père mais dont la jalousie de l'époux lui fera connaître une mort absolument terrifiante et Camilla Martelli, totalement dévouée à Cosimo dont elle sera le dernier amour et qui subira la terrible vengeance des deux frères Médicis alors qu'elle ne faisait preuve d'aucune ambition politique. C'est triste à dire mais là encore, on voit à quel point les femmes sont les premières victimes de l'Histoire. On entr'aperçoit également de loin le destin de Catherine de Médicis dont j'ignorais l'enfance et dont on peut comprendre après coup le désir de vengeance sur la vie qu'elle a pu manifester en revendiquant à cor et à cri le pouvoir, une fois « exilée de force » en France par sa propre famille.

Encore une fois, un très beau récit historique de Patrick Pesnot qui met l'Histoire à la portée de tous dans une narration toujours aussi soignée et maîtrisée. A lire si vous êtes intéressé par cette grande famille que furent les Médicis ou si vous aimer les récits historiques de grande qualité.
Lien : https://mespetitsplaisirsamo..
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