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Critique de alouett


Le premier tome nous avait laissé avec la désagréable impression que le plus dur était à venir pour Moudy et Alex. Pour rappel, ces deux jeunes collègues avaient fait la connaissance de Samir, un dealer, à qui ils ont accepté de faire une place dans leur squat. Mais les conditions de travail se durcissent et durant une manifestation sur leur lieu de travail, Alex tue accidentellement un vigile. Ils doivent désormais se cacher, d'autant que Moudy a reçu une notification de reconduite à la frontière. Depuis, c'est la cavale. Se cacher, survivre de petits larcins et s'épauler… voilà tout ce qui leur reste.

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Dur cet album et en même temps il se dévore. On suit avec intérêt le quotidien de ces trois jeunes hommes. Paumés et sans avenir, ils se débattent avec une rage hors du commun.

Ce qui frappe, c'est la capacité de Stéphane Piatzszek à décrire ces vies brisées qui se structurent autour d'une quantité de petits riens, à la fois futiles et d'une réelle gravité (les larcins commis par exemple). Ce récit est comme un cri lancé dans le néant. Combien de vies sont à l'identique de celles décrites dans ce diptyque ?

On ressent un abandon fort qui les anime car ces jeunes semblent persuadés qu'ils n'ont plus rien à perdre si ce n'est leur fierté. Mais elle tient à un fil. Plus rien ne les retient, ils n'ont plus de soutien fiable, plus d'emploi, plus d'utilité sociale et plus grande confiance en eux-mêmes. Il ne tient qu'à eux de faire ce pas de côté pour sombrer dans la grande délinquance voire le banditisme. Il en va de leur honneur de trouver n'importe quelle solution de repli qui leur évite de mendier. le scénariste étale sans concession la lutte quotidienne de ces jeunes adultes pour tenter de se sortir la tête de l'eau. Quand on n'a aucun rien sur quoi s'appuyer, quand on ne put compter que sur soi… on en vient parfois à penser à des solutions extrêmes.

Prostitution ? Deal ? Vol à l'étalage ?

Dans cette jungle sociale, les alternatives se comptent sur les doigts d'une seule main. Encore faut-il (accepter de) les envisager. Squatter une vieille usine désaffectée est un moindre mal du moins, cela évite de somnoler sur un banc et de se faire détrousser. Mais pour le reste ? Comment palier au fait que l'argent ne tombe pas du ciel ? Braquage ? Braquer qui ? Braquer quoi ?

Pour illustrer ce récit, Olivier Cinna propose un dessin qui tient compte de toute cette ambiguïté. A la fois tendre avec ses personnages, il réalise des visuels d'une noirceur incroyable. Un univers cru et dur. le dessinateur joue sur les contrastes entre noir et blanc pour renforcer le décalage, renforcer l'attachement du lecteur envers ce trio d'hommes et matérialiser cette vaine lutte que les personnages livrent contre un avenir qui semble tout tracé.
Lien : https://chezmo.wordpress.com..
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