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Critique de Gwen21


Gwen21
03 décembre 2012
1507, Vénétie.
Le tyran qui règne sur la ville de Padoue, assujettie à la puissante Venise, est las de sa maîtresse Béatrice qui est également sa pupille (il l'a mise dans son lit alors qu'elle atteignait ses 14 ans). Comme il l'aime bien quand même et qu'il ne souhaite pas l'humilier, il va chercher à la marier à un noble padouan, Rinaldo, dont la soeur, Lucrezia, 16 ans (y a du progrès !), a charmé ledit tyran sans le savoir. Ce dernier projette donc d'appliquer une "règle de 4" et de faire de Lucrezia sa maîtresse tandis que Rinaldo lui rendra le service de le débarrasser de Béatrice. Vous suivez ? Sur ce "changement de partenaires", comme dans un quadrille, José Pierre va construire un court roman.

Mais le Prince de Padoue est-il bien un roman ?
Avant de m'y plonger, je le pensais mais la narration très irrégulière de son auteur, José Pierre, m'a fait changer d'avis trois fois en cours de lecture !

Première fois, dès les premiers chapitres, où il s'avère que le "style" de l'auteur devient brusquement universitaire et vous vous retrouvez en train d'écouter un professeur d'histoire de l'art vous indiquant dans quel musée italien vous pourrez admirer telle ou telle peinture lui ayant inspiré tel ou tel personnage ou encore tel ou tel décor. Bon, on comprend très vite que José Pierre est passionné par la période et qu'il s'est documenté (un peu) et que de cette science récemment acquise (qui comme toutes les sciences nouvellement acquises démange son possesseur du besoin irrésistible de la restituer à d'autres humains, par philanthropie) il pense pouvoir tirer matière à un roman mais ça donne vraiment l'impression d'une culture qu'on étale comme de la confiture, si vous voyez ce que je veux dire.

Un deuxième virage à 90° arrive très rapidement lui aussi, sans panneau de signalisation en bord de route pour vous prévenir. Ce "roman" ne serait-il pas en réalité un traité sur les pratiques sexuelles au début du Cinquecento ? Car autant vous prévenir tout de suite, 200 des 247 pages de l'édition France Loisirs, vous décriront comment, sur quel rythme, dans quelles positions (rien de nouveau sous le soleil, ne vous faites pas bouillir le sang prématurément), par quels orifices et enfin avec quels partenaires les rejetons des plus nobles familles de Padoue prennent leur pied. Inceste, fellation, sodomie, jeux lesbiens, vous aurez droit à tout, ce qui, au demeurant, n'aurait rien de désagréable en soi si le tout était bien écrit et moins monotone et si le récit ne basculait pas malhonnêtement vers une littérature érotique qui ne veut pas dire son nom.

Enfin, à la fin justement, une queue de poisson à vous donner mal au coeur soit un retour à un style plus narratif où nos personnages principaux consentent enfin à sortir de leurs draps (ou de leur botte de paille) pour faire avancer le drame jusqu'à un dénouement que je qualifierais de "bâclé" et "improbable".

En synthèse, ma lecture achevée, je ne sais toujours pas si j'ai lu un récit biographie ou une fiction historique, si j'ai lu une romance ou un conte érotique mais je suis sûre d'une chose : contrairement aux protagonistes, je n'y ai pas pris beaucoup de plaisir !
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