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Critique de Folfaerie


Doris est une métis. Sa mère est Aborigène, son père est blanc. Elle a choisi de raconter l'histoire de sa mère, Molly, métis elle aussi, qui, alors qu'elle était enfant, dans les années 30, a été internée de force dans un camp gouvernemental, à des milliers de kilomètres de sa famille. A peine quelques jours après son arrivée au camp, Molly et ses deux jeunes cousines, Gracie et Daisy, toutes trois respectivement âgées de 14, 10 et 8 ans, s'évadent pour retourner chez elles.
Elles vont parcourir près de 2000 km en trois mois, à travers le bush, évitant les villes, vivant des produits de leur chasse et de leur cueillette, parfois de la générosité des gens rencontrés.

Le protecteur des Aborigènes (titre ô combien peu adapté !) de l'époque appliquait en fait un programme d'assimilation destiné à éradiquer la race Aborigène. Un véritable génocide organisé par les autorités australiennes, de 1900 à 1970. Tous ces enfants métis, enlevés à leurs familles, et formés pour être ouvriers, domestiques, furent coupés de leurs racines. Ils furent nommés « la génération volée ». N'ayant plus d'identité, n'appartenant ni au monde des Blancs ni à celui des Aborigènes, cette génération a subi le contrecoup de ces mesures inhumaines qui générèrent des désordres psychologiques importants et pour la plupart irréversibles chez ces enfants perdus (les familles séparées n'ont jamais pu se recomposer, certains des membres ne se retrouvant qu'au terme d'une longue quête ayant duré des années, pour certains le temps d'une vie...).
Le témoignage de Doris est donc capital. Ces événements ne se sont pas passés il y a plusieurs siècles, ils se sont terminés dans les années 70, c'est-à-dire hier seulement. Les australiens ont beaucoup de mal à reconnaître leurs fautes et à assumer leurs responsabilités, ils doivent pourtant réparation aux autochtones qu'ils ont lésés – et lèsent encore – de toutes les manières possibles. L'histoire de cette tragédie ne doit pas être oubliée, les Aborigènes aujourd'hui encore subissent la quarantaine que leur imposent les blancs, et son cortège de calamités : alcoolisme, pauvreté, violence, racisme…

Petite anecdote : le titre original "Rabbitt-proof fence" se rapporte à cette clôture qui sépare l'Australie en deux et qui était destinée à empêcher les lapins de se propager dans tout le pays. Lapins qui étaient alors inconnus sur ce pays-continent mais qui ont été introduits par les premiers colons au détriment de la faune et de la flore locales (les Australiens sont aussi responsables d'un écocide, qu'ils essaient tant bien que mal de réparer aujourd'hui). Cette clôture est devenue un symbole pour les Aborigènes, et un repère.

A noter que le réalisateur Philipp Noyce a tiré un très beau film de ce récit. Un Kenneth Brannagh excellent pour interpréter le "protecteur" des Aborigènes et de jeunes comédiennes absolument incroyables : Everlyn Sampi (Molly), Tianna Sansbury (Daisy), Laura Monaghan (Gracie).
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