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Critique de Bougnadour


Être un écrivain célèbre en Chine semble bien agréable : les autorités vous caressent, les hommes vous saluent bien bas et les femmes vous font les yeux doux. le sort de Zhuang Zhidie parait bien enviable, hélas par faiblesse, ne maitrisant pas son goût pour les femmes et englué dans la corruption de la société chinoise il va sombrer et tout perdre, femmes, réputation et statut. Il sera déchu comme l'est sa ville de Xijing (Xian) qui fut la capitale médiévale de la Chine.
Après un début mystérieusement poétique, le pavé de Jia Pingwa tourne au vaudeville, l'honorable professeur Zhuang cède à tous les appels du sexe opposé ce qui nous vaut des scènes assez chaudes que l'auteur auto-censure avec humour. Comme on est toujours puni par où l'on a péché, un article de journal biographique citant un de ses amours de jeunesse va entrainer un procès de la belle délaissée qui aura des conséquences catastrophiques.
Trop sûr de lui et d'un caractère faible Zhuang va laisser sa vie privée et son procès lui échapper, sa femme va découvrir ses maîtresses et il ne va pas graisser les bonnes pattes pour sauver sa réputation.
Neuf cents pages pour décrire la chute d'un écrivain gagné par la débauche cela peut sembler beaucoup, mais la force de Jin Pingwa est dans l'immersion du lecteur dans l'univers de ses nombreux personnages. Sur la durée et avec le grand sens du dialogue et des situations de l'auteur on vit vraiment avec eux.
De plus l'humour est omniprésent en particulier avec les répliques de la servante Liu Yue qu'on croirait sortie d'une pièce de Molière.
C'est aussi et surtout une satire de la société chinoise et de la corruption rampante à tous ses étages, les rapports sociaux sont régis par les cadeaux de toutes formes qu'il faut concéder pour obtenir son dû mais surtout des avantages.
Tous les secteurs sont touchés santé, justice, politique, arts, tout s'achète et bien évidemment les pauvres sont les perdants. C'est bien sûr pour cette peinture sévère que le livre fut interdit, bien plus que pour quelques scènes érotiques et que pour la vie dissolue du malheureux Zhuang Zhidie. A lire pour le portrait d'une Chine encore en suspend entre l'ancien et le nouveau monde.
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