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Critique de Patmarob


La Fédération Wallonie-Bruxelles remet en valeur les titres du patrimoine littéraire belge francophone. La collection Espace Nord, propriété de la Fédération, présente le prix Goncourt 1937 : « Faux passeports » de Charles Plisnier. Voilà une belle initiative !
Charles Plisnier est aujourd'hui méconnu voire oublié. Il est l'auteur d'une oeuvre littéraire importante. Son parcours politique conditionne le sens de son livre « Faux passeports ». Admirateur de la révolution russe de 1917, il devient membre du parti communiste, mais il en est exclu en 1927 pour « déviationnisme trotskiste ».
Publié en 1936, le livre s'enracine dans le contexte historique de l'époque. Les procès politiques se succèdent en URSS alors que les périls montent en Europe.
L'épigraphe « le je de ce livre n'est pas moi. » qui précède l'Avertissement de l'auteur ne saurait égarer. Charles Plisnier témoigne d'évènements et de rencontres mais le romancier s'en est « démarqué » pour ne « pas désigner des vivants … à la police ou aux comités des partis » (p 12). Les cinq récits illustrent l'engagement sans limite de militants révolutionnaires, clandestins, exilés. Tendus vers l'action, leur conviction est sans faille. Santiago, anarchiste espagnol décide de retrouver son pays pour peser sur le destin de la nouvelle république. Dikta pousse l'auteur à retrouver une militante communiste Multi qui défie la torture et la mort. Carlotta et Alessandro ont fui l'Italie fasciste, Corvelise culpabilise d'avoir déserté en 1914. Le cinquième récit paraît le plus abouti, il oppose le narrateur à Iégor, un bolchévik de la première heure. Les grands procès de Moscou ouvrent un débat sur les limites de l' engagement. Iégor soutient " qu'on peut donner au parti autre chose encore que sa vie ".Les décisions du parti dépassent l'entendement du militant , il est nécessaire de s'y plier. Le narrateur a de l'empathie pour ces militants, il observe et cherche à comprendre. La conclusion de l'auteur intitulée « Adieu à ces créatures » lui permet d'évoquer quelques figures célèbres emportées par la tourmente stalinienne. Une postface de Pierre Mertens, écrite en 1991, éclaire ce « roman » à la chute de l'URSS. « Faux passeports » appartient à la lignée des livres prémonitoires : « Retour de l'URSS », « le Zéro et l'Infini »… La qualité et la finesse de l'écriture explique, de surcroît, que « Faux Passeports » fut le premier lauréat belge à obtenir le prix Goncourt. « Faux passeports » de Charles Plisnier est un livre réussi qui mérite amplement une (re)découverte. Merci à Babelio, aux Editions Impressions Nouvelles et à la Fédération Wallonie-Bruxelles pour cette lecture stimulante.
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