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Critique de SZRAMOWO


En écrivant «Dans un monde qui change retrouver le sens du politique», (Editions du Cerf- octobre 2016), les évêques de France rappellent que pour «Les disciples du Christ...il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leurs coeurs.»
Sublime phrase par ces temps où nombreux sont ceux qui, chrétiens ou non, distillent le doute, la haine et la division.
Phrase courageuse par ces temps où il fait bon se retirer sous sa tente plutôt que d'aller vers l'autre.
Le constat qui les a conduit à l'écriture de ce texte de 96 pages, à l'approche des élections de 2017, ne peut être que partagé par les hommes et les femmes de bonne volonté, chrétiens ou non :
«Alors même que l'aspiration au débat est forte, il semble devenu de plus en plus difficile de se parler, les sensibilités sont exacerbés et la violence, sous une forme ou sous une autre, n'est jamais très loin.»
En 10 chapitres (ça rappelle quelques chose) et une conclusion, ils dressent l'état de notre société, de ses errements, de ses doutes, de ses interrogations, mais donnent aussi des pistes de réflexions pour échanger autour des 10 thématiques de leur texte.
Morceaux choisis :
Si les évêques interpellent les politiques pour leur rappeler qu'ils sont responsables de leur discrédit grandissant «Le politique précède la politique, il ne se résume pas à sa mise en application. il affirme l'existence d'un «nous» qui dépasse les particularités...» ; et aussi les médias «On ne peut sans cesse jouer sur la com et l'audience.», ils interpellent également le citoyen et le mettent face à ses ambivalences et ses paradoxes, lui qui demande plus de sécurité, plus de soins, plus de services, plus de liberté, mais moins d'impôts et de contraintes : «Il faut cesser de croire qu'il est possible d'arriver à un risque zéro dans nos vies personnelles et collectives.»
La notion de contrat social est mise à mal et doit être repensée :
«Une majorité de Français a le sentiment de vivre dans une société de plus en plus injuste.», ce ressenti est plus fort pour tous ceux qui se retrouvent «au bord du monde»,
«qui ne se sentent plus partie au contrat.», mais aussi chez les jeunes, «face à la grande «difficulté d'accéder au marché du travail.».
La mondialisation «a créé un nouvel espace économique» mais «a contribué aussi à une insécurité culturelle et à des malaises identitaires pouvant aller jusqu'au rejet de l'autre différent.»
«Il convient donc pour l'avenir de notre société de de redéfinir ce que c'est d'être citoyen français, et de promouvoir une manière d'être ensemble qui fasse sens.» et favorise «la naissance d'une identité qui ne nie pas les autres appartenances.»
Ce dernier constat pèse sur notre système éducatif, mais là aussi, les évêques mettent en garde contre les réactions de rejet : «Plus que d'armures, c'est de charpente que nos contemporains ont besoin pour vivre dans le monde d'aujourd'hui.»
Ils pointent l'échec du sytème éducatif qui n'a pas su éviter que des jeunes français choisissent «un discours clé en main et un engagement radical» qui leur donne le moyen de «contester la société dans laquelle ils n'ont pas su s'insérer.». «Pourquoi l'intégration n'a pu s'opérer ?» interrogent-ils.
Après les constats posés dans les six premiers chapitres, viennent les remises en cause et les perspectives de solutions.
La recherche de sens, du pour quoi, en est une :
«Un idéal de consommation, de gain, de productivité, de PIB, de commerces ouverts chaque jour de la semaine, ne peut satisfaire les aspirations les plus profondes de l'être humain qui sont de se réaliser comme personne au sein d'une communauté solidaire.»
«Cette société a de plus en plus de mal à articuler le «je» et le «nous»»
«On ne fait pas vivre des individus ensemble avec de seul discours gestionnaires.»
Cette perte de sens, cette envie «d'immédiateté» alors que le changement s'inscrit dans un temps forcément long, formate la parole politique. La crise de la parole, est avant tout une crise de confiance. le discours ne reflète plus en rien la réalité, parce que «la seule volonté» ne peut «faire bouger rapidement les choses.» La parole est pervertie, produisant de la défiance, du désintérêt, voire de la violence.
Le véritable compromis, celui où l'on cherche à «construire ensemble quelque chose d'autre» et qui, «conduit forcément à quelque chose de différent que les positions de départ.», n'est plus possible.
Mais, «Cette crise du politique ne doit pas être réduite à ce qu'elle a de plus sombre. Elle révèle des attentes et des ressources.». C'est l'objet du dernier chapitre «Un pays en attente riche de tant de possibles.»
«Le désamour des Français (...) pour la politique ne signifie pas (..) un désintérêt pour les enjeux de la vie en société (...)»
En conclusion, à l'aube des élections de 2017, le conseil permanent de la conférence des évêques de France en appelle :
à l'élaboration d'un véritable projet de société (...) «vers une économie du partage (...) vers un partage plus équitable du travail et des fruits du travail.» ;
à la construction d'un pacte éducatif ;
à plus de solidarité ;
à la prise en compte de la situation des migrants : «Est-il aujourd'hui tolérable que des milliers d'hommes et d'enfants vivent sur notre territoire dans des conditions trop souvent inhumaines ?»
à plus d'Europe :
à plus de responsabilité écologique :

Je me faisais une remarque en finissant l'essai de la conférence des évêques de France et en repensant au piètre débat de la primaire du parti LR. Aucun des participants n'a jamais osé affirmer ne serait-ce que le début de la première phrase d'une des analyses pertinentes faite par les rédacteurs de cet essai.

Alors, me suis-je dis, si les évêques se mettent à la politique, où va-t-on ? Car parmi les sept du débat, il n'y a pas que des enfants de choeur !...

Ce petit livre coûte 4 €, le prix de deux tours de primaire ; ça vaut vraiment le coup ! Achetez le !

Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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