Dans un épilogue en forme de postface,
Edurne Portela revient sur les circonstances qui l'ont amenée à écrire ce livre et explique son tourment à l'idée d'adopter la forme romanesque pour se glisser dans la peau de son héroïne. Question importante puisque c'est précisément ce qui m'a gênée avec ce livre, alors même que le personnage de
Maddi est de ceux qui méritent tellement d'être racontés, montrés, dans un contexte contemporain où on peut commencer à réinterroger la notion de courage. J'adhère à tout ce que dit l'autrice dans sa postface, je regrette simplement de n'avoir pas été sensible à sa démarche romanesque, à la voix qu'elle a choisi pour incarner
Maddi. Mais je suis ravie d'avoir rencontré cette femme extraordinaire qui a imposé ses choix de vie en quittant un mari épousé trop tôt et une vie ennuyeuse pour s'établir seule (une femme en 1929 dans une région rurale...) au pied de la Rhune dans un Pays Basque au centre de passages entre France et Espagne, accentués par les guerres. Elle y gérera un petit hôtel et ne lésinera pas sur les chemins de contrebande pour améliorer l'ordinaire à la basse-saison. Courageuse, dure au mal, fidèle en amitié. Elle assume tout avec un certain panache et cette culture de la clandestinité lui servira pendant la seconde guerre mondiale lorsque les allemands réquisitionneront l'hôtel. Ses réseaux sont nombreux et elle fera passer nombre de prisonniers et de résistants au nez et à la barbe des nazis. Elle sera arrêtée en 1944 et fera partie du dernier convoi (aux aventures que l'on trouverait rocambolesques si la fin n'était si dramatique) vers les camps allemands dont elle ne reviendra pas.
Des recherches importantes ont permis à des journalistes de reconstituer les éléments de sa vie et l'écrivaine a pris le parti de réinventer
Maddi, de lui donner la parole. Un texte écrit à la première personne, y compris pour le récit de l'enfermement et de l'horreur. C'est ce à quoi je n'ai pas adhéré sans trop savoir expliquer pourquoi. C'est le choix de l'autrice et je le respecte, mais lorsque je lis la puissance qui se dégage de sa postface je me dis que j'aurais aimé lire un véritable récit - il y avait matière - dans la tradition du meilleur de la narrative non fiction.
Quoi qu'il en soit, un énorme respect pour
Maddi.
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