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Critique de KiriHara


"Cinq bières, deux rhums" est un des derniers opus en date de la série "Le Poulpe".

Le fait serait quasiment anecdotique, la série comprend quasiment deux cent épisodes écrits en 15 ans, si celui-ci n'était pas l'occasion, pour le créateur de la saga, de reprendre les rennes de son personnage.

Effectivement, l'excellent Jean-Bernard Pouy, après avoir écrit le premier et probablement le meilleur opus de la saga ("La petite écuyère a cafté"), revient, quinze ans après pour nous offrir sa nouvelle vision de "Le Poulpe".

Nouvelle vision car, en quinze ans, "Le Poulpe" a bien changé et Jean-Bernard Pouy également. Aussi, il est normal que le Poulpe de Jean-Bernard Pouy ne soit plus le même qu'au début.

Déjà, Gabriel Lecouvreur alias "Le Poulpe" est un homme qui aura 40 ans an l'an 2000, c'était du moins le postulat de départ. Aussi, avec cet épisode de Jean-Bernard Pouy écrit en 2009, "Le Poulpe" va sur ses 50 ans.

Sans le préciser, l'âge de l'octopode joue sur son mental et, indéniablement, "Le Poulpe" déprime. Est-ce l'andropause, l'absence de son amour, Chéryl, la coiffeuse, partie pour un congrès à Cannes ? Toujours est-il que Gérard, le patron du bistrot qui sert de quartier général à Gabriel, n'en peut plus de voir son ami apathique. Aussi, il lui propose de l'embaucher pour se rendre dans le Nord, à la recherche de nouvelles bières pour son bistrot.

Mais, une fois sur place, Gabriel Lecouvreur est plus intéressé par un corps retrouvé parmi les ferrailles transportées en péniche que par les bières et, quand un deuxième corps est découvert dans une écluse, "Le Poulpe" sait qu'il a mis la tentacule sur une affaire intéressante.
Gabriel Lecouvreur a vieilli, Jean-Bernard Pouy aussi, et c'est presque naturellement que l'on accepte que "Le Poulpe" soit plus indolent que dans sa flamboyante jeunesse.

Si l'on retrouve parfois l'humour de Jean-Bernard Pouy qui fît le succès du premier opus, le goût immodéré de son personnage pour la bière et pour la littérature (le roman est truffé de passages du roman "Les habits noirs" de Paul Féval que lit Gabriel) l'action y est moins présente, l'humour plus dilué et une certaine nostalgie se dégage de ce voyage en terres nordiques.

Alors certes, le récit est moins exaltant que les meilleurs opus, l'enquête est moins passionnante et la conclusion bien plus floue. Jean-Bernard Pouy n'y dénonce plus l'extrême-droite et pourtant, écrit en pleine droitisation de l'UMP, l'époque s'y prêtait, mais cela reste tout de même du Jean-Bernard Pouy. L'auteur démontre sa facilité d'écriture, comme toujours et offre tout de même un bon moment de lecture.

Au final, malgré le plaisir que représente, pour tout amateur de la saga "Le Poulpe", un opus écrit par le maître et créateur, Jean-Bernard Pouy, force est de constater qu'une légère déception pointe son nez au fur et à mesure de la lecture car ce n'est plus le Gabriel Lecouvreur que l'on a connu dans le passé. Heureusement, la nostalgie présente dans l'écriture se transmet petit à petit au lecteur et c'est finalement avec plaisir que l'on continue sa lecture en ayant l'impression de faire un petit bout de chemin avec un vieil ami.
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