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Critique de Presence


Ce tome fait suite à Them that raised us lament (épisodes 38 à 41) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Il contient les épisodes 42 à 44, initialement parus en 2012, écrits, dessinés et encrés par Eric Powell, avec une mise en couleurs de Powel, Bill Farmer et Dave Stewart. Il comprend également une histoire écrite par Powell et dessinée par Mark Buckingham (initialement parue en fin des numéros 41 à 43).

Histoire 1 – L'entraîneur de Tommy Chandler lui promet qu'il va gagner son prochain match de boxe (grâce à un petit coup de pouce), contre Chuck Williams (un boxeur parrainé par Goon). Histoire 2 – En cette nuit d'Halloween, il y a un cirque en ville, avec sa foire aux monstres. Malheur ! Bébé Nuremberg n'a pas été nourri correctement, il va se transformer.

Histoire 3 – Hombre Lagarto est à nouveau en liberté et il en a après une femme accorte. Histoire 4 (hommage à Jack Davis) – Un marin est à la recherche de son frère d'armes ; ils doivent rejoindre la base avant le couvre-feu. Goon et Franky l'aident à le trouver, en faisant la tournée des bars. Histoire 5 (dessinée par Buckingham) – Un nouveau monstre des marais sème la panique en ville ; Goon et Franky vont stopper sa progression.

"The Goon" a été créé et réalisé depuis le début par Eric Powell ; il en détient les droits. Il en fait ce qu'il veut. Rien qu'en feuilletant ce tome, le lecteur a déjà perçu qu'il s'agit d'histoires disparates et indépendantes, ne faisant avancer en rien l'intrigue principale, laissée en suspens depuis plusieurs numéros maintenant.

C'est donc parti pour de franches parties de rigolade, sans conséquence. Il ne s'agit pas pour autant de pochades, car Powell s'est appliqué, tant du point de vue de l'écriture que de la narration visuelle. Pour commencer, il flotte dans ces histoires un second degré provenant d'une forme de dérision imprégnant les récits, et de grosses blagues (pas toujours très fines, mais souvent irrésistibles). le lecteur peut apprécier l'humour visuel, qu'il s'agisse d'un mort vivant dont les plaies béantes sont garnies de bâtons de dynamite allumés, d'une caricature de Tom Waits, de Marilyn Monroe (dans l'épisode dédicacé à Jack Davis, voir 'Tain't the Meat...it's the humanity! and other stories pour les EC comics, ou Drawing American pop culture pour une rétrospective plus complète).

La vision des toilettes du bar de Norton a de quoi soulever le coeur dans son degré d'exagération. Les immenses torgnoles généreusement distribuées par Goon sont tout aussi exagérées à l'excès pour un effet comique. le récit en lui-même comporte également des sources de comiques qu'il s'agisse de la potion pour rendre plus fort donnée au boxeur, ou de ce pauvre marin qui ayant accepté l'aide de Goon, se retrouve à descendre un bière dans chaque bar (et il y en a beaucoup, des bars, et des bières).

Malgré tout, il y a bien une histoire par récit, généralement assez légère, avec une fin programmée à l'avance : Goon tape plus fort que l'adversaire, et tout rentre dans l'ordre. Pour autant, il est difficile de réduire ces récits à des blagues potaches superficielles. Eric Powell dispose d'un coup de crayon exceptionnel qui fait ressortir avec habilités les exagérations comiques, mais aussi les émotions plus tristes. Dans une case, il est capable de dessiner Hombre Lagarto comme un démon court sur pattes, avec trop de dents apparentes, et des yeux regardant dans des directions opposées. Dans la case suivante, ce même monstre peut être poignant dans sa solitude affective, rejeté de tout le monde.

Cette capacité à susciter l'empathie du lecteur relève presque du surnaturel : même sur le visage de Franky (plus un dispositif comique qu'un personnage), les émotions défilent, faisant apparaître son état d'esprit avec nuance et subtilité. Seul Goon reste imperturbable du début jusqu'à la fin, sérieux et efficace. Par comparaison, les 15 pages dessinées par Mark Buckingham font ressortir l'expressivité des dessins de Powell, ainsi que le rythme et la loufoquerie de ses scénarios. Buckingham s'en sort bien, malgré l'absence de comique visuel de ses dessins.

Le tome se termine avec 14 pages de sketchbook, permettant entre autres, d'admirer un dessin de Sherlock Holmes et un autre de Cthulhu très sympathique.

La lecture de ce tome n'est pas indispensable dans la série "The Goon", Buzzard n'apparaissant pas et l'intrigue générale étant comme oubliée. Par contre il permet de retrouver toute la verve de conteur d'Eric Powell, et son sens de l'humour aussi personnel qu'efficace.
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