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Critique de Seijoliver


Usagi, le lièvre blanc, vivait heureux sur la toute petite île d'Oki. Pourtant il souhaita voir le monde. Mais comment faire pour franchir la mer qui le sépare de la grande île voisine d'Honshu ?
Rusé, il va pour ce franchissement utiliser et duper les crocodiles-aux-puissantes-machoires.

Oui, oui, nous sommes bien au Japon où il n'y a pas, mais vraiment pas, de crocodiles ! Cette histoire du lièvre blanc d'Inaba (nom d'une ancienne province du Japon) est consignée vers le début du VIII° siècle dans le Kojiki (texte fondateur de la cosmogonie japonaise). Ce livre en est une adaptation. Et non il n'y a pas de crocodile dans le Kojiki, mais des requins-crocodiles, que par erreur les japonais modernes ont transformé en crocodiles.

Cela commence donc comme un conte animalier, avec son personnage, son désir d'évasion, ses mauvaises rencontres, comment il reçoit de l'aide etc, etc. Et comme nous sommes dans un conte... il y aura des crocodiles.
Trop sûr de lui, Usagi ? de sa ruse ? Cela va-t-il causer sa perte en oubliant la force des crocodiles et le danger qu'ils représentent ?
Histoires d'animaux, mais les hommes ne sont pas loin. Usagi a finalement perdu sa blancheur, les crocodiles ont rejoint la mer, et voici qu'apparaissent 81 frères. 80 en tête, chantant, pendant que le dernier – Onamuchi - porte les bagages de tout le monde. Deuxième malheur que cette rencontre pour Usagi, car les 80 frères sont tout sauf bons. Tous sont par ailleurs épris de la princesse Yakami qui n'en a que faire et préfère Onamuchi. Heureusement pour le lièvre d'Inaba, il rencontre Onamuchi qui va le guérir. Prodige, Usagi retrouve sa blancheur et se révèle être un kami, un dieu, invitant le couple, que vous devinez – parce que oui il y a de l'amour dans ce conte, à côté de la cruauté des animaux entre eux et celle des hommes – à respecter les êtres vivants et à maintenir une terre saine et soignée.

Peut-être avez-vous en tête ces images d'animaux dressés sur les pattes arrières et scrutant l'horizon, guettant le danger et d'éventuels prédateurs ?
Sur la couverture, le lièvre blanc est ainsi dressé, le regard méfiant, au bord de l'eau qu'on devine par des petites vagues, et des yeux, beaucoup d'yeux qui le regardent.

Ce que j'ai beaucoup aimé ce sont les motifs textiles que dessinent Alie Loizel et qu'elle utilise pour composer ses personnages et ses ambiances. Énormément apprécié aussi les deux portraits – en gros plans - d'Onamuchi ; ou, les mouvements qu'elle parvient à donner à son lapin lorsqu'il saute sur le dos des crocodiles ou danse sur la berge, mais aussi la force qu'elle donne aux regards : l'oeil du lapin, sur qui se précipitent les crocodiles (toujours peints en rouge) nous fait ressentir toute sa terreur. Quelques références (?) m'a-t-il semblé aux papiers découpés de Matisse, à Klimt et à la vague d'Hokusai !
Le conte est lui aussi plaisant, le vocabulaire est riche, et l'auteure glisse dans son texte des mots japonais, ainsi que des onomatopées typiquement japonaises et des ritournelles avec lesquelles le lecteur pourra s'amuser.
Un conte qui invite à « prendre soin » des autres, de la nature, du vivant !
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