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Critique de perucasevecchje


Avec ce roman plutôt sombre, l'auteur a choisi d'aborder un thème ardu : les dysfonctionnements de l'institution judiciaire et leur impact sur les valeurs morales de la société, celles de chaque citoyen. Il nous dit à quel point l'inefficacité de la justice, ses dérives, sa corruption, les injustices engendrées réveillent la démagogie, invite à la vindicte et installe justicialisme et populisme.
Ainsi, un homme se présentant comme un justicier et surnommé le Dentiste a décidé de livrer au jugement du peuple d'horribles criminels ayant échappé à toute condamnation. Chacun est invité à voter pour ou contre une peine de mort. Et les gens, ou plutôt les spectateurs, votent ! Les jeux du cirque ne sont pas loin.
On le voit, le thriller flirte avec l'anticipation et l'horreur. Il nous propose une réflexion sur la part d'ombre en chacun d'entre nous, part d'ombre vivifiée, renforcée par le jeu malsain des réseaux sociaux ou de la télé poubelle. Il démontre que sans recul, sans discernement les meilleures intentions peuvent basculer dans l'horreur absolue. L'illusion du bien. Il met en évidence la porosité entre le mal et le bien mais aussi… la triste banalité du mal.
Sur la base d'une intrigue retors, l'auteur interpelle notre conscience à plusieurs niveaux :
- Tout d'abord au niveau politique, il met en évidence l'illusoire et hypocrite indépendance de la justice soumise aux lois des hommes politiques qui l'utilisent à leur profit et pour leur propre sauvegarde.
- Mais aussi, au niveau sociétal, il dénonce notre appétit pour le sensationnel, l'émotionnel, notre curiosité morbide facilitant la démagogie, alimentant tous les populismes.
Oui, mais à la bassesse des institutions faut-il une réponse populaire violente ? La fin justifie-t-elle les moyens ?
Malheureusement, pour asseoir son discours très politique il met en scène des personnages caricaturaux et peu crédibles : deux inspectrices, la milanaise et la sarde, aux allures et tempéraments presque antagonistes, ainsi qu'un criminologue hors pair, une sorte d'Apollon gentleman et charismatique, à l'intelligence plus que supérieure. Quant aux « méchants » , et bien, ils sont très méchants.
L'ensemble fonctionne à coups de clichés sans grande subtilité. Il essaie de nous faire partager les beautés de la Sardaigne, celles de Milan, leur gastronomie… Mais ses textes n'ont rien à voir avec la narration sensuelle et gourmande d'un Camillieri.
En bref, pour moi, si le discours se révèle passionnant, l'illustration romanesque n'est pas à la hauteur.
Une citation, lue page 282 : « Eduquer les gens à la haine est l'antichambre de la violence ».
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