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Critique de BazaR


Ah, je crains bien que ce billet ne soit un copié-collé de celui qui concerne le Sisyphe de Rachline.

François Rachline poursuit son aventure littéraire de relecture de mythes grecs replacé dans une Grèce antique réaliste. Il ne dévie pas d'un iota dans la méthode.
Avantage : cela nous permet de découvrir un personnage mythologique peu connu – Bellérophon – ses aventures et celles de son entourage. Petit-fils de Sisyphe, exilé par ce dernier à cause d'un homicide involontaire, le jeune homme essaie de faire son trou à la cour de Proetos, roi de Tirynthe. Il a l'art et la manière avec les chevaux. Malheureusement, son trop beau visage attire le désir de la reine Sthénébée qui va le harceler sexuellement, en vain. Furieuse de ce rejet, Sthénébée va l'accuser de viol sur sa personne. Proetos, ne pouvant porter atteinte à un hôte qu'il a lui-même invité, l'envoie en Lycie, en Asie Mineure, à la cour du roi Iobatès, père de Sthénébée, muni d'un message scellé à l'adresse exclusive de Iobatès. le message déclare que Bellérophon a violé sa fille et doit mourir. Iobatès l'enverra accomplir des missions dangereuses dont, à se grande surprise, Bellérophon sortira vainqueur : lutte contre la Chimère, les Solymes, les Amazones.
Bellérophon est un homme au destin plutôt tragique. Quelles que soient ses actions – la plus grande étant d'apporter l'art de l'équitation aux hommes –, quelques bénéfices qu'elles apportent à la société, les hommes ne le jugent que par ses forfaits réels (le meurtre involontaire) ou supposés (le viol de Sthénébée). Il y aura toujours quelqu'un qui cherchera à l'assassiner après qu'il en aura acquis l'amitié. Devenu maître de la Lycie, probablement dégouté des hommes, grisé par ses propres exploits, il se prendra pour un dieu, un dieu implacable et cruel en l'occurrence ; une sorte de Caligula.

Inconvénient : la volonté de François Rachline d'inscrire le récit dans une Grèce réaliste lui fait supprimer les atours de merveilleux qui couvrent les mythes grecs. Les dieux n'apparaissent qu'en songe, les légendes fabuleuses naissent du bouche à oreille des hommes qui aiment à déformer les faits. Qui peut croire par exemple que Pégase, le premier cheval à porter un être humain sur son dos, avait réellement des ailes ?
D'autre part ce besoin de réalisme prime sur la fluidité du récit et sur la caractérisation des personnages. Les descriptions ennuyeuses des fresques des palais ou de la conception des navires m'ont fait bailler plus d'une fois. Quant aux personnages, ils n'offrent aucune épaisseur. Ils sont le plus souvent peu crédibles dans leurs dialogues et leurs réactions. Souvent, Rachline s'essaie à ajouter une explication d'un comportement, mais cela tombe à plat, ne convainc ni le lecteur ni d'ailleurs l'interlocuteur du roman qui se montre sceptique.

Le style de François Rachline nuit assurément au plaisir de lecture. C'est grandement dommage quand on joue avec un matériau noble tel que la mythologie grecque. Reste que l'auteur met en lumière des héros méconnus (merci Oliv pour cette phrase). Cela suffit à justifier l'existence de la trilogie du Châtiment des Dieux.
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