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Critique de Fledermoyz


Écrit dans la fièvre de la Première Guerre mondiale, La Suisse nouvelle a les traits distinctifs de ces appels et manifestes, publiés au moment des grandes épreuves de l'histoire, où l'on se prend à rêver d'un monde nouveau. Jeté une première fois sur papier en 1914, puis développé et édité en 1917, superbement traduit ici par Gabrielle Godet en 1918, Léonard Ragaz nous y partage, à nous la « jeunesse en esprit », son envie d'un « renouveau » suisse, ou plutôt, international.

On apprécie la qualité de certaines de ses analyses et critiques du capitalisme, ou de ses aspirations à une société suisse véritablement socialiste (on dirait aujourd'hui communiste) qui « inspirerait » le monde entier. Dommage néanmoins que Léonard Ragaz s'enferme dans tant d'idéalisme et de naïveté ! Car si on voit bien qu'il pressent souvent la validité des thèses marxistes sur le capitalisme, l'état, le militarisme, l'impérialisme ; qu'il nous partage une superbe critique de l'école de la bourgeoisie en nous esquissant en contraste les contours d'une école véritablement démocratique ; qu'il aspire tout simplement à la fin du capitalisme et de tout ce qu'il charrie ; Ragaz erre sans cesse sur la même rive du Rubicon… Sans arriver à le franchir une bonne fois pour toute en tirant les conclusions qui sembleraient logiquement s'imposer. Il reste inexorablement avec ses contradictions.

Au même moment, Karl Bart était en pleine rédaction de son commentaire de l'Épître aux Romains, avant leur « rupture » de 1919 donc. On se retrouve in fine à peu près face à la même idée chez les deux théologiens ; à savoir qu'il faut une révolution, certes, mais spirituelle : de l'esprit chez Ragaz ; de la théologie chez Barth. En conclusion, cet essai utopique – très plaisant à lire – garde une certaine actualité 100 ans après sa rédaction. Les thèses qui y sont défendues ne sont pas surprenantes venant de Léonard Ragaz, qui s'il a beau être un « socialiste religieux », n'en demeure pas moins surtout un pasteur protestant, de bonne volonté certes, mais qui prêche pour sa paroisse... en s'en remettant toujours à l'Esprit.
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