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Critique de Presence


Ce tome contient les épisodes 7 à 12 de la série, c'est la deuxième et dernière partie de la première saison. Il fait suite à Un penchant pour la violence (épisodes 1 à 6) qu'il faut avoir lu avant.

Wade Wilson (Deadpool) s'est mis en ménage avec Inez (Domino) qui est enceinte. Il se projette déjà en train de lire les conquêtes d'Hannibal à son fils, de pêcher avec lui, de l'entraîner à rattraper la balle au football américain et de faire un peu de mécanique en réparant le tank familial. Inez se rend compte qu'elle s'est fourrée dans un drôle de pétrin, et elle part trucider quelques millionnaires bedonnants pour se détendre et ramasser un peu d'argent. de son coté, Bob est dans un sérieux pétrin car il a échoué à libérer Blind al et il est prisonnier d'un groupe islamiste extrémiste, les Chevaliers du Croissant de Lune, qui s'apprête à le décapiter pour servir d'exemple dans la vidéo de leur revendication. Après avoir réglé ces menus détails, Deadpool organise un enterrement de vie de garçon pour Bob (ça partait d'un bon sentiment). Et puis c'est le retour au boulot pour lutter contre Hydra et Taskmaster, avec un détour par l'orphelinat dans lequel Wade Wilson a passé les plus jeunes années de sa vie.

Le lecteur retrouve les mêmes artistes que pour le tome 1 : David Lapham pour le scénario, et Kyle Baker pour les illustrations, à l'exception de l'épisode 9 (l'enterrement de vie de garçon) illustré par Shawn Crystal.

Pour ces épisodes, David Lapham utilise des ingrédients irrémédiablement incompatibles avec le politiquement correct et la morale bienpensante, comme dans le premier tome : une grossesse pour un couple incapable de devenir des parents responsables, des meurtres gratuits et des assassinats sadiques, des prostituées et leur souteneur, des terroristes à la foi élastique, une arme bactériologique, du sadisme, de la violence et des enfants maltraités. On ne peut pas dire qu'il soit en mal d'idées ou de provocations, mais la sauce prend moins bien que dans le premier tome. Dans la première moitié de cette saison, le lecteur sentait que Lapham suivait une direction claire et construite pour présenter ses personnages, les développer et les faire évoluer. Avec ces épisodes, le lecteur a l'impression que l'histoire globale avance à la "va comme je te pousse", au gré des humeurs du scénariste qui semble improviser l'histoire suivante, sans lien logique avec la précédente. Mis à part les épisodes 7 & 8 dédiés à la potentialité de paternité de Deadpool (des visions cauchemardesques), Deadpool et Bob se trimballent d'une aventure à l'autre, en recyclant parfois les mêmes thèmes (l'incapacité de Bob à dire la vérité, ses disgrâces successives avec ses patrons, et l'imprévisibilité destructrice de Deadpool). du coup le lecteur a bien sa dose d'humour trash et crade, mais les épisodes s'assimilent plus à une suite de nouvelles qu'à un roman formant un tout.

L'épisode illustré par Shawn Crystal permet de mieux apprécier l'originalité de Kyle Baker, par contraste. Crystal adopte un style un peu cartoon (surtout pour la grosse prostituée), avec des silhouettes dégingandées, complété par une mise en couleur informatique traditionnelle. le résultat est satisfaisant, mais fade par rapport à l'exubérance graphique de Baker.

De la même manière que Lapham s'autorise à jouer avec toutes les facettes du mauvais goût, Kyle Baker s'autorise à incorporer tous les styles visuels qui lui passent par la tête pour servir le scénario. Pour commencer il effectue lui-même la mise en couleur et il s'en sert pour écraser les traits à l'encre qui délimitent les contours des formes en appliquant les couleurs par-dessus. Ensuite il n'hésite pas insérer quelques photos retouchées et coloriées à la truelle pour définir un décor, mais cela reste sporadique. Parfois, il se passe des lignes de contour en n'utilisant que la couleur pour définir les limites d'une forme (une grosse tache rouge pour un short par exemple). La juxtaposition des 2 techniques donne une impression d'un fouillis hétérogène. La majeure partie du temps il utilise un encrage qui évoque celui de Joe Kubert, un peu sec, un peu appuyé, sauf s'il décide de passer à un encrage plus grossier et plus lâche sur la même page dans la case d'à coté. Ces hiatus stylistiques peuvent parfois déconcerter, voire donner mal aux yeux. Mais d'un autre coté, ils évitent l'ennui au lecteur. Toutefois, comme pour le scénario, la lecture donne l'impression que Kyle Baker met moins de conviction dans le premier tome pour choquer le lecteur par des prises de risques graphiques. Il fait plutôt fructifier les bases qu'il a posées dans le tome précédent.

Cette deuxième moitié de première saison confirme le non-conformisme de cette série et justifie son positionnement dans la ligne éditoriale MAX. À la réflexion, il est même difficile à croire que Marvel puisse produire une telle série, et qu'il ne s'agit pas plutôt d'une expérimentation d'une maison d'édition indépendante. Toutefois, l'effet de surprise du premier tome est passé, et le lecteur a l'impression que l'équipe créatrice se repose un peu sur ses lauriers, se contentant de réutiliser les mêmes trucs que dans la première moitié, avec un peu moins d'inventivité.
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