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Critique de krzysvanco


Tout d'abord, merci aux Éditions du Seuil et à une opération Masse critique privilégiée pour l'envoi de ce livre !

Jean Gabin nous chantait « Maintenant je sais, je sais qu'on ne sait jamais ».
Je me suis longtemps cru calé en histoire, j'ai appris depuis à être plus modeste …
Ce préambule pour vous avouer que je connaissais peu l'histoire de la Finlande et absolument pas son rêve passé de « Grande Finlande » avec une base raciale pure ni les mesures prises après la seconde guerre mondiale pour assimiler le peuple Same.
Les livres me permettent de continuer à apprendre et à réaliser qu'il me reste beaucoup à apprendre !
Petra Rautianien situe son roman en pays Same, en Laponie, zone au nord de la Finlande, de la Norvège, de la Suède et de la Russie.
le récit s'articule autour de deux époques : la fin de la guerre, 1944-1945 et quelques années après, de 1947 à 1950.
La période de la fin de guerre est relatée par le journal de, Väinö Remes, un interprète finlandais employé dans un camp de prisonniers géré par les Nazis. L'après-guerre, présentée de manière plus traditionnelle, nous relate l'arrivée d'Inkeri Lindqvist, une journaliste et photographe venue réaliser un reportage sur le peuple same, mais ceci est un prétexte, en réalité elle veut surtout rechercher les traces de son mari prisonnier, disparu durant la guerre.

Les chapitres relatifs à ces deux périodes s'alternent et peu à peu construisent la trame de ce beau roman.
Son titre est éloquent : pays de neige car dans ce grand nord, le froid règne, la neige couvre tout, les saisons sont bien éloignées des nôtres, l'une avec des jours très longs et une luminosité aveuglante et l'autre plongée dans une nuit sans fin ; pays de cendre, car cette neige fut couverte de cendres par les Nazis. «Les cendres flottaient au-dessus des corps ».

Petra Rautianen est historienne de formation et a défendu une thèse sur les Sames, ce peuple lapon, éleveur de rennes et aux habits très colorés qui vit dans cette contrée sans en connaître les frontières. Sa bonne connaissance de l'histoire de ce peuple lui permet, par le biais de ce roman, de mettre en lumière des événements encore souvent occultés aujourd'hui même en Finlande. La lutte héroïque de ses soldats contre l'armée rouge est souvent le seul fait mis en exergue, ici l'autrice nous montre également la collaboration avec les Nazis allant jusqu'à se mettre sous leurs ordres, et l'idéal d'une « Grande Finlande » composée d'une race pure et asservissant les races inférieures.
« Ces peuples primitifs de cueilleurs du Grand Nord sont des marginaux, extérieurs à la civilisation véritable. Ils sont considérés comme une anomalie pathologique résultant de facteurs environnementaux ».
Ces races sont étudiées scientifiquement pour un programme de pureté raciale. Et cela a continué après guerre comme nous le montre l'autrice.

Mais laissons ici ces considérations historiques, je ne voudrais pas rebuter celui qui lit cet avis, si ce roman se déroule dans un contexte historique, il reste avant tout un véritable roman !

Les personnages, certains très attachants tels la petite Bigga-Marja et le vieux Piera, d'autres nettement moins reluisants, sont tous intéressants. Les relations qu'ils ont entre eux se dévoilent progressivement tout au long du récit, comme après la nuit polaire le lecteur découvre la lumière. Beaucoup de secrets entourent les personnages et Petra Rautianen réussit à ne les révéler que partiellement et lentement.

Je ne voudrais pas oublier de mentionner la presentation du camp de prisonniers et sa cruauté, la description du territoire same et de ses habitants poussés à s'assimiler.

L'autrice a un style caractérisé par des phrases courtes et beaucoup de dialogues. le livre se lit facilement et avec plaisir.




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