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Critique de tamara29


Je remercie Babelio et les Editions du Seuil pour ce roman « Un pays de neige et de cendres ». Ce récit nous plonge dans l'histoire de la Laponie et de la Finlande durant la seconde guerre mondiale.
Les chapitres alternent entre deux périodes et deux types de narration.
Dans la première période -mais aussi la plus récente- on suit Inkeri Lindqvist, une journaliste et photographe, alors qu'elle s'installe à Enontekio en 1947. Pour son travail, elle doit en effet raconter la reconstruction de la Laponie et notamment une des populations nomades : les Samis. L'autre raison de son arrivée qu'elle garde secret est la recherche de son mari disparu pendant la guerre. Autour d'elle, il y a son colocataire Olavi ainsi que Piera, un vieil homme qui lui a vendu sa maison ainsi que la petite fille de ce dernier Bigga-Marja.
C'est par un journal intime que l'on remonte ensuite quelques années auparavant, en plein coeur de la guerre, en 1944. C'est celui de Väinö Remes, jeune interprète dans un camp de prisonniers dirigé par les Allemands. Au fur et à mesure que le jeune homme découvre la vie dans ce camp, l'atmosphère s'emplit de l'horreur et l'effroi de la guerre. La vie des prisonniers, rude, glaciale, inhumaine, ces hommes qui font ce qu'ils peuvent pour ne pas mourir ; les sévices des allemands et des finlandais qui se sont ralliés au nazisme. Mais en plus de ce quotidien déjà plus que difficile, on réalise au fil du journal que dans ce camp se passe également des activités plus souterraines et mystérieuses que le jeune homme va chercher à découvrir.
Les chapitres des deux histoires s'enchevêtrent. Comme dans un roman policier, on recoupe les informations : les indices que le lecteur recueille d'une période donnent tout un autre sens à la lecture de la seconde.
Par cette technique de narration, l'auteure Petra Rautiainen arrive à faire monter la curiosité et les émotions au fil des chapitres. L'atmosphère est de plus en plus pesante, la vie du camp parfois insupportable à lire. Ni l'histoire d'amour au coeur de la tourmente, ni la beauté des vêtements colorés des Samis ou des étendues d'un blanc éclatant ou encore les cours d'Art et de photographie qu'Inkeri donnent aux enfants du village ne calment le coeur du lecteur face aux images ensanglantées de l'Histoire.

J'ai eu parfois quelques difficultés à entrer pleinement dans ce roman. L'écriture était un peu trop froide, narrative et je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, comme celui de la photographe. Enfin, mes lacunes historiques pour ces pays nordiques sont également en cause car il m'est arrivé d'être souvent perdue avec les personnages de l'époque du camps de prisonniers. Il m'a fallu couper ma lecture à différentes reprises pour essayer de comprendre la position de la Finlande pendant la seconde guerre mondiale mais aussi l'organisation des camps de prisonniers dans ce pays (la présence de diverses nationalités, etc.).
L'intrigue qui se dénouait en fin de roman a cependant été si intense et émotionnelle que cela a suffi à oublier une bonne partie des réserves que j'ai pu avoir en début de lecture.

Les problèmes de vue de la photographe qui s'aggravent au fil des ans, la transmission de ses connaissances techniques et de son savoir à la jeune Bigga -Marja, cette jeune fille qui a en elle une part des secrets de ce passé, cette jeune fille avec du caractère représente pour moi le symbole des quelques espoirs qu'on peut encore avoir pour l'avenir.
Un roman qui vaut bien entendu parce qu'il nous fait découvrir le peuple des Samis mais aussi parce qu'il révèle tout un pan de l'histoire méconnu du lecteur francophone. Une lecture âpre, difficile, d'autant plus qu'elle fait écho à cette actualité terrible, à la folie des hommes et le courage d'autres hommes, à cette histoire qui semble se répéter…

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