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Critique de Aryia


Pour commencer l'année scolaire en beauté, quoi de mieux que la lecture d'un roman sortant complétement de notre zone de confort ? Il est déjà rare que je lise des romances : si j'aime les jolies histoires d'amour, je suis assez méfiante vis-à-vis de ce genre car je n'aime pas particulièrement lorsque l'intrigue n'est fondée que sur une histoire d'amour sans qu'il ne se passe rien de bien captivant à côté. C'est ma plus grande crainte lorsque j'ai entre les mains un ouvrage estampillé « romance » : une banale histoire de coup de foudre, une dispute ou deux et puis la happy end, sans rien d'autre en plus. Heureusement pour moi, vous le verrez, ce n'est absolument pas le cas ici ! Mais si ce livre diffère tellement de ce que j'ai l'habitude de lire, c'est également parce qu'il s'agit du tout premier roman mettant en scène un couple homosexuel que je lis. Jusqu'à présent, aucun résumé n'avait réussi à me donner envie de découvrir ce genre, toujours pour la même raison : une romance entre deux hommes - ou deux femmes -, oui, mais uniquement si toute l'intrigue ne tourne pas uniquement autour de ce couple. J'ai besoin que cette histoire d'amour s'intègre dans une intrigue pour que cela m'intéresse, sinon je m'ennuie. Et pour vous montrer à quel point, ici, il y a une véritable histoire en dehors de cette romance, je vais tâcher de rédiger mon résumé en occultant cette dernière - vu que la quatrième de couverture vous en parle déjà !

Le violon n'était au départ qu'une simple activité extrascolaire, mais pour Benjamin, cela s'est rapidement transformé en passion dévorante et vitale. Entré au Conservatoire, le jeune homme rêve déjà d'une carrière entièrement musicale. Mais voilà que le sort vint réduire à néant ses plans bien rodés : un terrible accident, et le voilà paraplégique, coincé dans un fauteuil roulant qui le déprime autant qu'il le révolte. Les premiers temps aux Epicéas, centre de rééducation portant bien mal son nom puisque nul Epicéa ne se cache dans le parc, sont durs : Benjamin ne voit pas à quoi cela lui servirait de faire des efforts puisqu'il ne retrouvera de toute manière pas l'usage de ses jambes. Heureusement qu'Elise, une autre pensionnaire, est là pour lui donner un coup de pieds métaphorique aux fesses ! Grâce à la présence de la jeune fille ainsi que celle de Léopold, passionné d'histoire et faisant partie d'un groupe de reconstitution historique, le jeune homme va progressivement commencer à aller mieux. Jusqu'à ce que d'horribles rêves, toujours identiques et accompagnés d'une entêtante musique, ne viennent troubler ses nuits … et que d'étranges manifestations surnaturelles ne s'immiscent dans ses journées. Quel mystère se cache derrière ces inexplicables visions ?

Avant de parler plus précisément de l'histoire et de sa narration, je tiens à faire un focus sur un des thèmes majeurs de cet ouvrage : le handicap. C'est une thématique que l'on retrouve de plus en plus souvent dans la littérature jeunesse, mais j'ai rarement eu l'occasion de lire un roman traitant avec autant de délicatesse et de justesse ce thème. En effet, une des choses que j'ai énormément apprécié ici, c'est que Benjamin, Elise et Léopold ne sont pas caractérisés par leur handicap, mais uniquement par leur personnalité. Certes, leur fauteuil roulant fait désormais partie de leur vie, mais ils ne supportent pas de n'être considérés que comme « des handicapés en fauteuil roulant » qui attirent soit la haine (la peur de la différence) soit la pitié. Ils veulent être appréciés - ou détestés - pour eux-mêmes et pas pour cet objet qui les accompagne. Je remercie vivement l'auteur pour avoir mis en avant cette volonté, partagée par toutes les personnes en situation de handicap (que ce handicap soit physique ou mental), de ne pas être perçu uniquement à travers leur condition.

Pour en revenir à l'histoire, donc, je dois admettre avoir été particulièrement époustouflée : je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi « complet ». Il y a, tout d'abord, l'histoire de la reconstruction de Benjamin après ce terrible accident qui lui a ôté l'usage de ses jambes. Une fois encore, l'auteur a misé sur le réalisme : contrairement à la légende urbaine qui veut que toutes les personnes se retrouvant face à une situation pareille se découvrent immédiatement un courage inouï et jusqu'alors insoupçonné, Benjamin est dévasté. Dans les premiers temps, il ne se bat pas avec vaillance et fierté pour retrouver l'autonomie qui lui a été enlevée par cette tragédie. Dans les premiers temps, il a juste envie de se jeter par la fenêtre - avant de se souvenir qu'il ne peut même pas le faire et d'en être encore plus déprimé. Ce n'est que progressivement qu'il retrouvera gout à la vie et l'envie de faire des efforts. Et on en vient au deuxième point : cette histoire, c'est autant une histoire d'amitié qu'une histoire d'amour. Car certes, la relation qu'il entretient avec Léopold va lui être très bénéfique dans ce long chemin vers la reconstruction, mais l'amitié d'Elise va également beaucoup l'aider. J'aime beaucoup ce trio, soudé par des liens solides, une confiance inébranlable, et dont chaque personnalité complète à merveille les deux autres !

Et puis, à côté de cela, deux éléments rendent cette intrigue unique. Tout d'abord, l'importance de la musique dans le récit : le violon fait partie intégrante de la vie de Benjamin, et forcément il fait également partie intégrante de ce processus de reconstruction. Ainsi, l'histoire est ponctuée de références musicales, dont on retrouve à la fin de l'ouvrage une liste : quoi de plus réjouissant que de pouvoir écouter en parallèle de sa lecture les musiques qui y sont citées ?! A cela s'ajoute quelque chose que malgré le résumé je n'avais pas vu venir : une bonne touche de fantastique, vous savez, le fantastique à la Horla, le fantastique qui fait frissonner. Des rêves troublants qui se répètent nuit après nuit, faisant craindre l'arrivée du sommeil, une mélodie envoutante que seul le héros entend … Une agréable surprise, encore plus lorsque cela se couple à une véritable enquête ! Cette dose de surnaturel et d'angoisse contrebalance à merveille la mignonitude (je sais, ce mot n'existe pas, mais il décrit tout de même à merveille ce que je veux exprimer) de cette belle histoire d'amitié et d'amour rafraichissante à souhait. J'adore les récits qui mêlent les genres, je suis comblée !

En bref, un roman assez court qui se lit par conséquent vraiment rapidement, d'autant plus que l'histoire est captivante, les personnages sont attachants, et la plume est magnifique. Une narration fluide mais surtout pleine d'humour et de légèreté qui fait naitre un sourire perpétuel sur les lèvres du lecteur. Les dialogues entre Léopold et Elise m'ont littéralement fait explosée de rire ! Il y a énormément de vie dans la façon dont l'auteur manie les mots : je n'avais pas le sentiment de lire un roman, mais bel et bien d'accompagner les personnages dans leur aventure. C'est rare, une narration aussi vivante, aussi expressive et dynamique. Vous l'aurez compris, ce livre que je débutais avec une petite appréhension à cause de son genre a su dépasser toutes mes attentes et me conquérir ! Un coup de coeur qui me donne très envie de découvrir le second ouvrage de l'auteur …
Lien : http://lesmotsetaientlivres...
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