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Critique de ODP31


Une petite partie vintage de docteur Maboul, ça vous dirait ?
Après avoir gentiment passé ses dimanches à bouturer du géranium et à multiplier les greffons pour inventer de nouvelles plantes vivaces, le docteur Lerne se retranche dans son château avec quelques assistants allemands pour croiser les espèces végétales, animales et humaines. Précurseur du salé-sucré et des mélanges improbables, le toubib ne s'embarrasse pas trop des questions d'éthique.
Nicolas, son neveu, va venir musarder d'un peu trop près la serre expérimentale ainsi que la compagne expérimentée de ce bon docteur qui va faire de lui son cobaye pour ses expériences. Sa volonté d'accélérer l'évolution naturelle des espèces aurait du mal à obtenir l'agrément des hautes autorités de santé. Pas certain que le sermon d'Hippocrate encourage la transplantation d'un cerveau humain sur un clébard ou un taureau et vice-versa. L'échangisme a ses limites.
Vive la vivisection ! scande le syndicat autonome des savants fous et enragés de la pipette des romans de l'époque, Frankenstein, Jekyll et Moreau en tête de cortège.
Ce n'est pas un hasard si Maurice Renard a dédicacé son premier roman publié en 1908 à H.G Wells. Son scientifique illuminé n'a pas été seulement inspiré par le docteur Moreau et ses vacances studieuses dans les îles. Il pousse plus loin la folie en projetant son esprit dans des corps animés. Il va ainsi squatter le corps de son neveu pendant que ce dernier besogne sa protégée. Il érotise la science-fiction le Maurice. Mauvais esprit, sors de ce corps !
Narrée par le neveu, l'intrigue est construite comme un roman policier. Les scènes sont parfois extravagantes, mais sans tomber dans le grotesque. Outre, les réflexions classiques sur le rôle de la science, le progrès, la manie de certains à se prendre pour Dieu et autres marottes de cet auteur biberonné à Poe, Maurice Renard s'amuse à flirter finement avec le voyeurisme. Les personnages passent leur temps à s'épier, les yeux dans les trous de la serrure, à se fuir et à se tromper. Pas vu, pas pris, épris.
Deuxième incursion savoureuse dans le monde « merveilleux-scientifique» de Maurice Renard, après « l'Homme truqué », grâce à une opération à coeur ouvert Masse Critique, concept qui aurait certainement inspiré ce théoricien autant que romancier qui extrapolât beaucoup autour du genre fantastique.
La prose de l'auteur fait son âge mais réveille des humeurs et rêveries adolescentes. Roman populaire au dénouement original et peu prévisible, il ne manque que des illustrations de l'époque pour faire démarrer la machine à explorer le temps de Wells.
Merci aux éditions OKNO et à Darwin !
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