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Critique de Arnauld57


D'ordinaire, je fais une distinction entre l'artiste et son oeuvre, l'auteur/l'autrice et son livre. Ici, parce que je connais un peu Julia, je ne peux m'empêcher de trouver à ce texte le charme, la prestance de celle qui l'a écrit. Un texte tout en délicatesse, en marge de la fureur des opinions tranchées, des certitudes apprises, des combats dévoyés. Là où certains hurlent à la guerre, nient les nuances, perpétuent l'intolérance qu'ils jurent pourtant vouloir combattre, Julia pose un regard critique, presque bienveillant. Terrible. Et c'est cette lucidité qui donne de la force à ce texte.
Dana, l'héroïne, est la probité même, l'honnêteté intellectuelle ; elle doute, mais cherche à chaque instant de son histoire une position d'observatrice différente : elle veut comprendre. Tout à la fois guerrière et Belle au bois dormant, pragmatique et romantique, elle ne cesse de se retourner en elle-même, et de nous retourner. Et c'est tout l'art de l'autrice, d'aborder ainsi cette « limerence », qui peut aller jusqu'à l'obsession, ce désir impérieux d'aimer et d'être aimé à tout prix.
Quand certains prônent l'ostracisme, il est revivifiant d'entendre une telle voix, posée, réfléchie, qui n'en est pas moins implacable. Car dans ce roman, il est bien question de toxicité : celle de la société, à laquelle tout un chacun – mais certains plus que d'autres – est confronté. de la place de la femme ; du poids de certaines traditions, idées reçues, mécanismes ancestraux, patriarcaux ou pas.
Ce roman, presque initiatique – ou son contrepied – est aussi une ode à la nature. Qui a souffert dans sa chair sait que c'est l'unique ancre à laquelle se raccrocher. La beauté de la nature, son affinité avec ce qui fait notre essence est le seul baume capable d'atténuer les plaies, du moins de faire en sorte qu'elles ne nous soient pas fatales.
Encore faut-il le comprendre, avoir ce regard sur le monde qui nous entoure, sur cette beauté qui seule nous préserve de l'enfer.
Bravo, Julia, pour ce texte fort, à la fois si peu imaginaire et si onirique.
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