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Critique de GrandGousierGuerin


Roman de 250 pages que j'ai lu dans la collection Les Cahiers Rouges de Grasset (élégante et simple cette couverture vêtue simplement d'écarlate…), la Barette rouge se rapporte à une bâtisse – bastide château fort déchu qui aurait été édifié par un cardinal (d'où le nom qui correspond à un couvre chef propre aux ecclésiastiques et dont le rouge est même dit rouge cardinal) renégat de l'un des papes d'Avignon. Dans cette demeure loin des routes fréquentées et des villages au pied du mont Ventoux va se dérouler une tragédie avec deux protagonistes : Siffrein et Esther. D'ailleurs les deux premiers chapitres de ce roman se rapportent à leurs vies respectives avant leur rencontre.
Siffrein, jeune homme à l'enfance marquée par la violence, le manque d'amour et l'abandon, est une brute complètement inadaptée à l'amour, la pitié et de manière générale à tout comportement social adapté. Il est habité par des monstres qui le poussent à la violence et qu'il tente de canaliser intuitivement dans le dessin. Un détail notable est son manque total de pulsion sexuelle qui se justifie par un épisode de sa jeunesse qui l'a marqué, aussi bien dans le sens propre que figuré. Son arrivée à la Barette rouge se produit lors de sa fuite et son errance après un crime sordide.
Esther est issue d'une famille illustre du comtat Venaissin qui vit depuis des lustres recluse et presque étrangère à ce pays. Elle en est doublement étrangère puisqu'elle est née d'une mère danoise dont elle a acquis l'apparence un peu évanescente de certaines blondes effacées aux yeux bleus profonds à s'y noyer. Elle s'installe dans la demeure familiale à l'aube de la vingtaine, orpheline avec une rente lui permettant de ne pas travailler, seule et ne fréquentant presque personne.
Les deux derniers chapitres suivant relacent leur rencontre jusqu'à la fin tragique dans un huis-clos abrité par la Barette rouge.
Si les deux premiers chapitres introduisant les protagonistes seraient dignes d'être des nouvelles à part entière, les deux derniers chapitres sont encore bien meilleurs car ils mettent en interaction deux êtres solitaires dont la rencontre semble inéluctable. Les deux sont deux inadaptés : elle est d'une beauté et d'une intelligence telle qu'aucun homme n'ose la fréquenter ; il est tellement fruste qu'il passe facilement pour un idiot et d'une brutalité sourde créant une ambiance malaise par sa simple présence . Ils sont comme des protons et des électrons : opposés mais que tout attire, ils sont inconsciemment en attente l'un de l'autre pour une rencontre qui ne peut qu'être destructrice.
Et c'est en cela que de Richaud m'a ébloui par la justesse de ses descriptions de situations, des sentiments et actions qui ne font serrer un filet dont il est impossible de s'échapper. Et c'est un régal d'admirer cet ordonnancement de mécanismes qui s'emboîtent parfaitement pour mettre en branle une machine infernale qu'on pressent dès qu'on débute sa lecture.
Mon coup de coeur de l'été ! C'est vraiment injuste que de Richaud soit pratiquement tombé dans l'oubli. Forcément il faudra que j'y revienne !
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